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Spleen

Linecoaching au quotidien Mes débuts sur Linecoaching
21 nov 2012 à 20h

Bonsoir gens !

Voilà, je suis inscrite depuis un peu moins de deux semaines et le concept  de respect et bienveillance envers soi de ce site est exactement la révélation qui me manquait pour commencer le long chemin de la réconciliation avec mon corps, malmené, détesté, et pourtant toujours fidèle. 

Seulement, je suis plutôt découragée ce soir puisque depuis le début de la semaine, j'ai l'impression que la bienveillance que je m'autorise envers moi-même, je la "prend" à la bienveillance envers mes patients (je suis kiné en centre de rééducation). Je perds patience, je suis plus négative, je frôle l'agressivité (surtout avec une patiente en particulier qui se laisse porter depuis 6 mois et ne fait aucun effort pour s'en sortir, alors que je vois des gens bien plus atteints se battre). Je dois m'avouer que c'est aussi une période assez difficile professionnellement puisque j'ai en charge des patients avec de très mauvais pronostics (qui ne sont pas vraiment dans une structure adaptée, mais bon).

Est-ce un passage que certaines (ou certains, mais je pense que la majorité est féminine ici) ont connu ? Etre moins bienveillant envers d'autres parce que vous l'êtes envers vous-même ? 

Je n'en suis pas encore au stade de la RPC, je n'ai pas fini de remplir mon premier carnet, mais peut-être cela pourra-t-il m'aider ?

 

En tout cas, alors que je pensais avoir bien démarré le programme, ce soir, plutôt le moral en bas. J'ai fait les courses et craqué pour pas mal de choses grasses et salées, ma nourriture réconfortante de base. Elles sont là, à m'attendre dans mon frigo, mais je sais que je vais craquer et surtout, même si je ne "devrais" pas, me sentir coupable.

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8 commentaires

Bonjour,

Moi aussi, je plaide coupable d'être la bonne poire de service, mais je me soigne. C'est étonnant de voir comment lorsqu'on est persuadé que c'est notre nature profonde d'être "gentille", qu'on finit un jour ou l'autre de se rebeller parce que la coupe est pleine. Maintenant le processus de rebellion peut être plus moins long à venir, et la vie peut amener des situations qui provoquent des prises de conscience. Moi, je suis du genre arriver au bord du précipice avant de réagir, mais les réactions sont du coup souvent violentes ou incontrôlables. Je me suis retrouvée dans des phases ou je ne supportais plus aucune émotion et que je pleurais pour rien (je ne parle même pas des phases de boulimie), et lorsque j'envoyais "bouler" mon entourage (famille), personne n'a jamais rien compris, et le plus dur, c'est que je n'arrivais pas à m'imposer. L'entourage croit vous connaître, alors qu'en fait, cette gentillesse est une façon pour moi de chercher de l'affection des autres, même si cela n'est pas prémédité.

Je me rends compte aujourd'hui que je ne me connais pas, que ma famille non plus. Mon psy qui m'a fait réaliser hier que mon surpoids est une manière d'enrober ma colère et mes émotions pour ne pas à avoir à les affronter, colère que je contiens depuis plus de 20 ans (j'ai 34 ans). Et qu'en quête de l'amour dont j'ai manqué (j'ai du mal à l'admettre, ayant l'impression d'être une enfant capricieuse imaginant qu'il y a pire que moi), ma gentillesse et mon empathie constituent ma manière de me faire aimer (un cercle sans fin).

Bref, compliqué de faire la part des choses et de se recentrer, mais lorsqu'il n'est plus possible physiologiquement d'encaisser, de donner, il est impératif d'entamer ce travail afin de rompre ce cercle vicieux d'autochatiment ou d'autoflagellation et de déposer le fardeau pour s'autoriser à se réapproprier sa vie.

Courage à vous toutes et tous et à moi pour continuer ce travail de bienveillance envers nous-même.

Et merci d'aborder de tels sujets dont on ne parle jamais dans la vie de tous les jours.

Sujet bien intéressant! En ce qui me concerne, j'ai énormément de mal à ne pas me laisser "vampiriser", je suis toujours prête à voler au secours de l'humanité. Et si j'essaie de m'accorder un peu de bienveillance et de temps, je peux vite devenir agressive avec mon entourage, comme Lullabycrazy, mais dans mon cas, je crois que c'est en partie parce que je culpabilise tellement d'oser dire non et mettre des limites que je suis incapable de le faire sans être agressive pour me protéger (c'est quelque chose que je veux travailler dans les semaines qui viennent, dire non avec fermeté mais en souriant, sans monter sur mes grands chevaux - certaines vont se reconnaître, je parie wink, je me cite: "mais c'est incroyable, ça, pourquoi c'est toujours à moi qu'on demande? ce n'est quand même pas moi la seule personne ressource dans ce service, c'est bien la dixième fois que je dois m'y coller, je voudrais voir si les autres se laisseraient faire comme moi, mais évidemment, Courtepatte, c'est la bonne pâte, on peut tout lui demander, je ne suis pas votre mère, tout de même", discours que je voudrais remplacer par: "Désolée, mais ce ne sera pas possible, j'espère que tu trouveras une autre solution"!)

En plus, il m'arrive d'éprouver une colère bien réelle parce qu'à force de me dévouer à tire-larigot, je trouve assez injuste de recevoir aussi peu de reconnaissance de mon entourage - alors que mon pauvre entourage, en fait, n'a rien demandé et que j'entends donc des réflexions - très justifiées - du type: "mais pourquoi tu râles? c'est toi qui l'as proposé!"

C'est le r êve secret de la Belle: à force d'être douce et aimante, elle transformera la Bête en prince charmant. Notez qu'on interprète mal ce conte: c'est quand elle accepte la Bête pour ce qu'elle est, une Bête, très laide, mais qu'on peut aimer malgré sa laideur, que la Bête devient un prince charmant - le secret est donc dans l'acceptation des choses et des gens tels qu'ils sont... - ce n'est pas de moi, je l'ai lu quelque part, je ne sais plus où, mais je ne l'ai jamais oublié).

Je pense aussi que la Rpc y est pour quelque chose parce que peu à peu on apprend à tolérer nos émotions autrement qu'en mangeant. Ces émotions elles ressortent aussi dans nos rapports avec notre entourage. Quand c'est nouveau pour nous, il faut apprendre à les gérer, à les faire sortir comme il faut. Mais quoi qu'il en soit il y a souvent un moment d'adaptation :-) avant d'y arriver.

Mais oui, je pense aussi que nous sommes plusieurs dans le même cas.

Merci beaucoup de toutes vos réponses qui me permettent de voir que non, je ne suis pas dotée d'une patience extraordinairement basse, mais que c'est normal d'être vidée émotionnellement quand on a d'autres personnes "à charge" (expression bien appropriée en fait dans nos métiers), voire des collègues (j'en ai quelques-uns aussi) qui se laisseraient quasiment materner...

Apparemment, et oui, se donner aux autres c'est prendre un peu à soi-même, il reste à trouver le juste milieu, comme tu le dis si justement Marine.

Sylvie, l'anecdote de la réunion, c'est un peu ce que je vis au quotidien, mon rôle étant de rendre leur autonomie aux gens. Souvent (et hélas) les patients sont un peu infantilisés dans les hôpitaux, on leur fait la toilette, on leur donne à manger... Et cette régression est parfois nécessaire pour leur permettre d'affronter ce qu'ils vivent, mais nous autres, on récupère le mauvais rôle car on essaye de les extraire de leur petit cocon protégé, et certains s'y complaisent...

Mais bon, on n'apprend pas à faire du vélo sans tomber, ça fait partie de l'acquisition après tout ^^

Et sinon, la dernière fois que j'avais vu ma (fameuse) patiente, elle a très bien compris que j'étais énervée de son attitude, je lui ai expliqué pourquoi en fin de séance, et après avoir refusé de venir pendant deux jours, elle est revenue en séance en faisant (enfin!) quelques efforts (ça avait déjà été le cas il y a quelques mois, espérons que ça dure). Du coup je suis un peu plus zen avec elle. Et donc avec moi :-)

Je ne vais pas tarder à commencer la RPC, j'ai hâte, mais je vais y passer du temps, sûr !

 

En tout cas, merci encore à toutes, j'ai compris certaines choses grâce à vos réponses. Et cette atmosphère de bienveillance sur le forum, c'est vraiment un bel esprit de solidarité pour aller mieux.

Bon courage à tous et à toutes pour continuer le chemin du bien-être :-)

C'est intéressant ce sujet !

Je me dis qu'il est probable que statistiquement, il y ait sur ce site davantage de personnes qui ont fait le choix d'un métier disons social que dans la moyenne nationale : De par notre tournure d'esprit, enseignants, hospitaliers, assistantes sociales, kinés et j'en passe, sont probablement des métiers de prédilection pour des tempéraments comme les nôtres.

J'ai personnellement commencé par enseigner... pour ensuite (après 15 ans tout de même) être tout à fait lasse de cette mission d'éduquer des ados qui se demandaient bien ce q'ils fichaient là... et donc moi aussi au bout d'un moment. :) J'ai maintenant des missions beaucoup plus techniques et ça me sied bien mieux. Non que ça résolve tous mes problèmes, loin s'en faut, mais en tout cas, je parviens beaucoup mieux à me mettre à la bonne distance de mon travail, par exemple, à cesser de trop y penser quand je suis en repos. Les métiers auxquels on pense nuit et jour, avec une forte implication relationnelle, je les trouve dangereux pour mon équilibre. Pour moi, me sentir indispensable est maintenant juste désagréable. Le cimetière est rempli de gens indispensables. lol.

Une petite anecdote me vient à l'esprit. Au travail, réunion importante, que personne ne doit manquer. Soit. Nous venons au rendez-vous. 2 personnes manquent à l'appel. La formatrice envoie une collègue les chercher. Ca m'a choquée ! Que la formatrice demande ceci, que la collègue se laisse faire. Avec mon mari, on s'est dit la chose suivante : Les 2 collègues manquants sont des adultes. Ils ont eu le rendez-vous comme nous. Je refuse cette infantilisation, cette sollicitude si collante. Si la formatrice nous avait demandé cela, nous aurions poliment refusé.

Voilà une chose qui ne m'aurait pas choquée il y a 15 ans... et qui me paraît importante aujourd'hui. Les limites des prérogatives de chacun, ne pas marcher dans le jardin des autres, les traiter en adulte responsable et autonome.

Bonsoir Lullaby,

Je suis dans les mêmes questionnements que toi en ce moment, je m'accorde plus de disponibilité affective et j'ai du mal à accepter d'en avoir toujours autant pour les autres... je suis instit en maternelle et je rentre émotionnellement vidée de mes journées, j'en ai assez, j'ai envie de pouvoir profiter de mes fins de journée... je n'ai pas encore éprouvé de l'agacement pour mes élèves mais ça ne saurait tarder !wink

Je crois que les métiers comme les notres, tournés vers les autres et dans le relationnel, dans lesquels il faut donner beaucoup de soi, peuvent être gratifiants par certains aspects, quand on voit qu'on aide réellement les personnes, qu'on leur donne des moyens d'émancipation, de se sentir mieux... mais ils sont aussi très ingrats parce qu'ils pompent beaucoup d'énergie, cette même énergie dont on a besoin pour évoluer nous-mêmes et accepter les changements que produit le programme LC!

La rpc va certainement t'aider pour tout ça, en tout cas pour moi c'est une phase très importante parce qu'elle fait bouger plein de choses chez moi, qui sont certes liées aux raisons qui me poussent à manger sans faim mais pas que ça... c'est une chouette découverte de soi en tout cas. Je crois aussi qu'avec cette méthode il ne faut pas être pressée et accepter les "défaillances", ce n'est pas parce que tu craques ce soir que tu as râté le programme, craque en toute conscience si tu le peux, en le prenant comme un réconfort. Tu verras, il y a des phases du programme qui aident à beaucoup mieux gérer les EME. Je ne suis inscrite que depuis 1 mois et en ce moment je dois faire une séance de respiration de 3 minutes à chaque EME pour arriver à mieux tolérer l'inconfort des émotions qui me poussent à manger, et c'est efficace!

Bon courage

Lullaby, Pélisse, même si je fais un métier beaucoup moins tourné vers les autres, je suis assistante de direction, il m’arrive régulièrement d’avoir ce sentiment d’être la super maman (voir la psy) d’une partie de mon équipe.

Il m’a fallu du temps, et quelques séances chez ma psy pour me rendre compte que je ne voulais plus de ce rôle. (j’ai une fille, adolescence et ca me demande déjà suffisamment d’énergie).

De fait, pour être bienveillant avec soi même, on a besoin de se recentrer sur soi. Et du coup, on a moins d’énergie pour les autres.

Je pense que cette bienveillance s’apprend, qu’il faut du temps pour changer de schémas de fonctionnement et qu’il nous faut tâtonner pour trouver le bon équilibre.

Parfois s’autocenter un peu, parfois se tourner vers les autres.

Il faut aussi savoir qui, de notre entourage (et je pense que ca vaut pour les collègues, les patients, les élèves, mais aussi la famille), on a envie d’aider, de porter un peu plus, d’accompagner et de qui on doit se protèger…

Ce spleen, ces moments d’abattement, font partie de nos vies, à tous.

Tous comme les moments de bonheur.

Quand nous trouverons l’équilibre, nous les prendrons pour ce qu’ils sont : des moments où nous avons besoin de nous recentrer, de trouver de l’énergie pour pouvoir, plus tard, à nouveau nous tourner vers les autres.

Et si la nourriture nous permets de trouver cette énergie et ce bien être, prenons là comme tel, un réconfort, sans culpabiliser.

 

Lullaby, tu es en début de programme, tu vas trouver, au fur et à mesure du programme, les outils pour t’aider dans ce processus.

 

Bonne route à vous deux.

Merci Lullaby d'avoir écrit ce post.

Je n'avais pas fait le rapprochement entre le fait que je supporte moins bien mes collègues et la bienveillance que je me porte.

En lisant vos posts, les choses sont plus claires et je comprends pourquoi je suis moins patiente au travail. 
Je te rejoins Marine sur le fait que je n'ai pas non plus un travail tourné vers les autres car je suis dessinatrice industrielle, mais j'ai comme toi cette impression d'être la maman du bureau d'étude qui sont que des hommes. Il faut toujours les rassurer, aller dans leur sens, les écouter, mais bien sûr ce n'est toujours que dans un sens. Mais actuellement j'ai remarqué que je leur parle moins, que je reste plus sur moi-même et les envoie même bouler quand ils m'ennuient!

Je suis aussi suivant par un spécialiste et il m'a conseillé de me recentrer sur moi et aussi de voir les personnes qui faut se protéger car ceux sont elles qui nous épuisent les plus. Du coup, je me suis aperçue que 2 collègues avec qui je passais le plus souvent mon temps, font partie de ces personnes et s'est dur de s'en détacher. Elles sont comme ta patiente Lullaby, des personnes qui se plaignent de leur condition, qui ne te parlent que de leur problème, et bien sûr toi tu les aides, mais elles ne font rien pour bouger les choses et restent dans leur carcan. Du coup toute cette énergie que tu leur donnes, tu ne l'as plus pour toi et te faire bienveillante. 

Je suis contente que Lullaby tu en ais parlé car je n'aurais pas su mettre de mot là-dessus.

Et merci aussi à Marine de montrer le spleen sous un aspect plus positif.

Bonne journée