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Défusion....

L’alimentation émotionnelle Un nouveau rapport à soi-même
Animatrice forum En or (1004) Très actif (30)
24 jan 2013 à 09h

 

A la demande de quelques unes, voici une petite info sur ce qu’on appelle la ‘défusion’, un processus thérapeutique issu de la thérapie ACT, laquelle est proche de la pleine conscience (puisque d’ailleurs elle l’utilise également).

Cela est très utile pour les personnes (comme moi) dont les EME sont principalement liées au fait qu’elles se déconnectent d’elles-mêmes pour être totalement absorbées par leur pensée, qu’elle soit verbale ou non (non-verbale pour moi).

 

Avec la défusion, il s’agit d’aborder ses pensées d’une façon différente, en réduisant leur influence sur nous.   Il ne s’agit donc pas de les faire « disparaître », bien que la tentation soit grande, au début, tant que l’on n’a pas intégré l’acceptation, c'est-à-dire l'abandon de la lutte intérieure contre ce qu’on ressent, lutte stérile et fatigante.

Si quelques pensées douloureuses peuvent s’évanouir, parfois, lorsque l’on pratique ces techniques, la tentation est grande de s’en servir alors systématiquement pour faire disparaitre ces pensées qui nous gênent...  

mais c’est une très mauvaise idée, car d’une part cela nous incitera à persévérer dans la bataille intérieure contre nos ressentis (bonjour les EME) et par ailleurs cela ne fonctionnera pas, de tout façon, pour les pensées et les schémas douloureux récurrents, forts, de notre vie, nous ne passerons pas à travers les mailles du filet, il nous faudra les regarder en face, les assumer, les vivre, en un mot : les accepter.

La défusion ne sert qu’à ACCEPTER ses pensées, tout simplement parce qu’on ne les considère plus que comme des mots, pas comme une réalité, les mots ne sont plus « fusionnés » avec ce qu’ils représentent, ce sont « juste » des mots…    ils perdent alors beaucoup de leur influence sur nous…..

En état de « fusion », les pensées semblent être la vérité absolue et d’une importance capitale, elles nous font de la peine, elles nous font peur, parfois...

En état de « défusion », nous pouvons reconnaitre qu’il s’agit juste de sons, de mots, d’histoires, qu’elles ne sont pas forcément vraies, et qu’elles ne sont pas forcément  importantes, on est nullement obligé de leur obéir, et qu’elles ne constituent pas une menace, car elles ne peuvent rien « FAIRE » concrètement….

Du coup, on perd le besoin de faire « disparaitre impérativement » ces pensées désagréables à pénibles…..

Et quand on n’a plus besoin de faire disparaitre, eh bien, on n’a plus d’EME   (et croyez-moi, ça fait du bien !)

 

Comme vous le voyez donc, et j’insiste là-dessus au risque de radoter sérieusement,  il ne faut pas louper une étape, ce n’est PAS :  

défusion => disparition des pensées gênantes => je me sens « un peu plus confortable » => je suis toujours en lutte et déconnecté de moi-même

Mais bien plutôt   :   

défusion=>acceptation des pensées gênantes => je suis « moi »   => pas forcément ‘confort’, mais sentiment de connexion, de plénitude même (parfois), the war is over (if you want it, comme dirait John Lennon)

Alors bien sûr, il faut renoncer à « être bien tout le temps », car la vie est faite de hauts et de bas et cette idée que l’on pourrait toujours être zen, positif, en forme, bien dans ses baskets en permanence est un leurre auquel j’ai longtemps adhéré d’ailleurs  (bien inconsciemment, je l’avoue)

on ne sera pas toujours 'confortable', mais on sera beaucoup plus heureux, et puis surtout on n'aura plus besoin d'avoir recours à la nourriture pour 'se sentir mieux',   ce qui est quand même le cas de pas mal de personnes ici

vous pourrez dire aussi adieu au sentiment de vide intérieur...

 

Cet immense préambule étant fait, voici maintenant quelques techniques qui m’ont beaucoup aidée pour pouvoir accueillir mes ressentis-pensées…..    et qui m’ont permis de passer d’une dizaine d’EME par jour à …..  trois-quatre par semaine à tout casser.

A n’utiliser qu’avec les précautions ci-dessus, donc…. Sinon le service après-vente ne répondra plus de rien ;-)

1/ Je suis en train de penser…

 Se dire : je suis en train de penser que….suivi de la pensée désagréable..

Par exemple, la pensée « je n’intéresse personne » se pointe….    On se dit dans sa tête  « je suis en train de penser que je n’intéresse personne »,   et puis   « je remarque que je suis en train de penser que je n’intéresse personne »

2/ Sur un air connu

Chantez intérieurement la pensée sur un air connu  (bon anniversaire, la 5ème de Beethoven ou n’importe quoi d’autre)

3/ Donner un titre à l’histoire que nous raconte notre esprit.

Ex : l’histoire du looser, l’abandonnée, la non-intéressante, l’inadapté, l’incapable, l’incompétent…   Une fois que vous avez reconnu l’histoire en question, laissez-la simplement exister, sans lui accorder beaucoup d’attention, vous pouvez également imaginer une affiche de film de l’histoire en question, en en rajoutant dans le « pathos », en imaginant le rôle repris par les plus grands acteurs….   pour ma part j'aime rajouter un titre secondaire un peu excessif, ça fait genre

"LA MAL-AIMEE...    rejetée par tous elle sombre dans l'anonymat le plus complet....  en ce moment sur vos écrans..."

4/ Remerciez son esprit…  

genre : « merci ma tête, tu m’as encore servi l’histoire de l’incompétente notoire, tu es toujours au taquet… »

5/ Silly voices

 Imaginez la pensée (ou la litanie) dite par une voix ridicule ou particulière, genre donald, scharzy, stallone, Shrek, ou the Monty Python  (pour moi)

 

 

Pour ma part j’ai une grosse préférence pour  « donner un titre » parce que ça fonctionne tellement bien pour moi, qui ne pense pas tant en mots qu'en "ressentis", qu'en "impression" , ça me fait sourire et cela me permet vraiment de me reconnecter à moi-même en dédramatisant ce ressenti....

et parfois, je rajoute les voix ridicules, par exemple Terry Jones des Monty Python singeant une voix de femme, enchainant plusieurs à la suite, parfois j’imagine même que ce sont des acteurs qui doublent les dessins animés qui font la voix tout en voyant les images du film…..

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201 commentaires

[quote=Pattie] J'ai eu l'impression de m'offrir à la douleur (c'est un peu idiot, dit comme ça, mais voilà : c'était ça). L'impression que la porte était ouverte, qu'elle s'engouffrait dedans, et que je la laissais faire. C'était assez puissant, comme expérience (mais vive les anti-inflammatoires !) Je n'irai pas jusqu'à faire exprès de "laisser la porte ouverte", mais quand ça se passe comme ça, de manière impromptue, je peux laisser se passer des choses qui avant m'auraient fait me recroqueviller.

[/quote]

c'est bien ton travail  "à froid" qui porte ses fruits, donc tout va bien, tu es en effet sur la bonne voie

Pattie si on trouve ici les moyens d'augmenter notre tolérance à l'inconfort, on n'en est pas pour autant obligé d'aller se brûler. Et si je peux me permettre c'est étrange lorsque tu dis "je n'irai pas jusqu'à faire exprès de laisser la porte ouverte", on dirait que tu te devalorises, comme si tu pensais que tu n'en es pas capable (puisque tu sembles penser qu'il y a un aspect positif dans l'acceptation quand même), alors que tu y arrives très bien dans "l'urgence". Tout cela ne relève pas de nos capacités mais de notre découverte de soi, du fait de mieux se connaître.

En fait il y a une différence entre supporter des inconforts physiques et émotionnels, tels que la faim, les douleurs, le mal-être de se sentir en surpoids, l'incertitude d'etre à satiété, l'incertitude de savoir si on va maigrir ou si on a atteint son set-point, et l'acceptation qui prélude à la défusion. celle-ci est plus un constat de ce qui est, de ce qu'on n'avait pas perçu ou voulu percevoir, et son acceptation (puis le fait de s'en détacher).

Il ne s'agit pas de se faire mal davantage, que tu te recroquevilles ou pas pendant que la douleur des règles survient ne change pas son intensité mais augmente sans doute la conscience que tu en as et surtout la perception que tu as de toi face à la douleur, est-ce que tu la supportes ou pas, sans porter de jugement. Que tu aies mal pendant les règles tu ne peux pas le changer, mais tu choisis d'avoir mal plus ou moins longtemps et de décider à quel moment tu vas prendre ton médicament.

C'est drôle que tu parles des douleurs des règles parce que j'ai aussi essayé d' "accueillir" la douleur et en effet, j'attends maintenant que ça devienne insupportable ou gênant pour attraper ma boite d'A*** ! Eh bien j'ai pu m'en passer totalement certains mois! Mais d'autres... !! 

Mais il y a un vrai bénéfice à accepter toutes sortes d'inconforts et de se sentir exercer pleinement son pouvoir de décision et de choix même à ce tout petit niveau en pleine conscience.

[quote=Zéphyr]

Pattie si on trouve ici les moyens d'augmenter notre tolérance à l'inconfort, on n'en est pas pour autant obligé d'aller se brûler.

[/quote]

tout à fait d'accord avec son analyse

on essaie d'augmenter notre tolérance, pas de devenir des yogis imperturbables!!!

 

moi quand j'ai accouché sans péri,  eh bien j'ai appris de ma sage-femme  que c'était la résistance à l'ouverture du col qui créait la douleur, du coup quand on arrive à se détendre et non se crisper face à la douleur,   eh bien elle est beaucoup moins forte

moi qui suis très douillette, une fois que j'ai réussi à me détendre dans les contractions, c'était vraiment facile à supporter

bon au bout d'un moment j'étais blindée aux endorphines naturelles donc j'étais zeeeeeeeeen    c'était qqchose....

 

mais en tous cas ça m'est resté comme un exemple que la résistance ne fait qu'amplifier notre sensation de douleur et la rend insupportable

C'est l'idée d'agir "pour de vrai", qui me fait peur. Je suppose que c'est encore l'histoire de l'incompétente, liée au perfectionnisme, et donc à la peur. Même si je me dis que je peux réussir des choses, que je peux aussi les rater et les recommencer, il y a dans ma tête un côté définitif à s'engager dans l'action.

Par exemple, hier, j'ai visionné les vidéos mises en lien par Fadinarde, sur le post des bonhommes allumettes. C'est un peu comme une défusion, je pense, non ? Je cherchais un peu avec quoi j'allais faire les bonhommes allumettes, pour essayer, et je voyais très clairement qu'il me fallait le faire avec mon grand-père, j'ai mal fait le deuil. Je n'ai pas fait les bonhommes allumettes, mais rien que d'avoir pensé à les faire, j'ai trouvé que c'était comme de la défusion. C'est un peu comme si j'avais débusqué un souci, mis en lumière, au lieu de le repousser pour penser à autre chose. Et dans le reste de la journée, j'ai laissé un peu le souvenir de mon grand-père m'accompagner, et il n'était pas seulement chargé de négatif, il y avait de la douceur.

Mais j'ai agi "par surprise". En fait, je n'ai pas agi, j'ai juste pensé qu'il allait falloir que j'agisse, et bon, paf, ça a débloqué quelque chose. Décider sciemment d'agir, avec tous les monstres qui rôdent autour du bateau, pfiou... Là, je suppose que penser agir, c'est presque revenu à accepter que j'avais un problème avec le deuil en général, et avec ce deuil en particulier. C'est comme passer par une porte en s'attendant à être dans les coulisses et se retrouver en plein milieu de la scène. Ca n'est pas pareil que de décider sciemment d'aller sur la scène.

M'enfin, c'était une semi-défusion, involontaire certes, mais défusion quand même, et c'est déjà ça !

[quote=Pattie]

Mais j'ai agi "par surprise". En fait, je n'ai pas agi, j'ai juste pensé qu'il allait falloir que j'agisse, et bon, paf, ça a débloqué quelque chose.

[/quote]

pour moi c'est toujours par surprise

en fait ce qui te vient dans le moment présent, c'st ça qui est important

si c'est la tristesse de ton grand père qui te revient quand on parle de se libérer de certains liens, c'est en effet une bonne idée de travailler sur cela

pour ma part, rien n'est prémédité

ce qui me vient dans le moment présent, c'est bien l'histoire que je travaille ou plutôt que j'essaie d'accepter de mieux en mieux

Bonjour Pattie et les autres!

Pattie, ton post me fait beaucoup réfléchir.

J'ai en effet du mal avec la défusion, comme un outil précieux mais dont je ne saurais pas, ou ne voudrais pas, me servir.

Il y a quelque chose dans la défusion qui doit me gêner, comme si  ça rendait définitif un état de fait, comme si ça entérinait une situation.

Et je rapproche ça, même si je ne sais pas si ça a vraiment un rapport, avec ma difficulté à m'engager dans une démarche, à la choisir, à prendre une décision (je suis indécise au possible, ou alors pour pallier à ça je fonce mais n'importe comment et la plupart du temps comme je suis allée trop vite sans réfléchir: je me plante, ce qui ne renforce pas ma confiance en ma capacité de décider du coup...).

La pleine conscience je pense peut t'aider, car en obligeant à avoir un regard lucide sur nous, elle nous force à nous rendre à l'evidence, à l'accepter, d'ailleurs cette chose qu'on cherche à éviter nous fait moins peur puisqu'elle est déjà là et qu'on vit avec, mais force est d'avouer qu'on vit mal avec, et qu'il faut la changer, donc AGIR....

[quote=Zéphyr]

J'ai en effet du mal avec la défusion, comme un outil précieux mais dont je ne saurais pas, ou ne voudrais pas, me servir.

Il y a quelque chose dans la défusion qui doit me gêner, comme si  ça rendait définitif un état de fait, comme si ça entérinait une situation.

[/quote]

je ne comprends pas trop en quoi la défusion, tu la sens définitive

peut-être que ce qui te gêne, c'est de lacher la lutte contre ces histoires, que tu as peur de lacher le controle que tu exerces dessus

ou peut-être honte de regarder en face ces histoires qui te travaillent

ça peut valoir le coup de mieux comprendre pourquoi ça te gêne

De rien! smiley

Waouh, merci Cilou_Cile, pas anondin de relire le poeme de R. KIPLING en ce moment, les larmes me sont montées aux yeux...y a de l'écho...

Bon ça a été écrit au 19ème siècle, ou il fallait être stoïque, mais quand même, à la lecture d'aujourd'hui on comprend qu'il faut accepter ses sentiments et ses pensées, ça va bien avec ce que je vis en ce moment. Encore merci !

Oui, j'ai été assez épatée en lisant les citations dans "Méditer jour après jour". Les références à la pleine conscience (délibérées ou pas) sont fréquentes dans la littérature.

J'ai trouvé le site que tu avais mis en lien, Capuccino ! Le lien était incomplet pour moi : //300gp.ovh.net/~actfranc/ACT/

Merci, il a l'air très riche !