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EME cachées : en parler ?

Maigrir sans régimes : La méthode Linecoaching La démarche Linecoaching: comment changer en profondeur
02 fév 2012 à 13h

Bonjour,

Mon parcours sur LC me conduit dans la vie de tous les jours à être beaucoup plus sensible aux manifestations de la restriction alimentaire, et à détecter très rapidement qui est régulé, qui ne l'est pas, qui se restreint volontairement, etc...

Et puis, cette semaine, le choc : je viens de réaliser seulement maintenant que ma mère avait elle aussi des compulsions alimentaires, des EME qu'elle a passé sa vie à nous cacher... Je savais que ma mère avait enchaîné et ré-enchaîné les régimes successifs, je savais qu'elle était en permanence en restriction cognitive, puisqu'elle s'est toujours fait une assiette à part ("de régime") à tous les repas mais je croyais depuis toujours que son surpoids était dû à une restriction trop forte. J'ai fait semblant de croire qu'elle devait à cause des régimes avoir un "métabolisme de base" trop bas... et que c'était le seul problème.

Et j'ai réalisé en discutant avec mes enfants, au détour d'une conversation, qu'ils savaient eux, que "mamie faisait la gourmande" (c'est leur expression, je la trouve blessante, mais bon, ils ne le disent pas méchamment...) J'ai alors compris en les questionnant un peu que ma mère finissait "en cachette" les gouters et petits déj de mes enfants quand elle les gardait... et là je me suis dit que j'étais vraiment nulle ... (toujours ces pensées négatives...).

Comment avoir grandi à côté d'elle, comment avoir pu passer toutes ces années sans avoir une seule fois eu un doute ? Sans une seule fois avoir compris que ma mère (comme moi !) avait des compulsions alimentaires, et qu'elle faisait tout pour les cacher ! Moi qui sait toute la souffrance que cela implique, toute la honte, toute la culpabilité, pourquoi n'avoir jamais, jamais, rien vu, rien compris ?

Autant vous dire que la révélation a entrainé quelques belles EME, pourtant de plus en plus rares (on ne se refait pas en un jour)

Mais je suis encore aujourd'hui très perturbée... Dois-je essayer d'en parler avec elle ? Les régimes sont un sujet très sensible, et je ne la sens pas prête à se remettre en cause, à accepter de dire ses faiblesses, ses souffrances... (elle a récemment offert à ma soeur une balance, et toute sa collection de livres WW pour l'inciter à entamer un régime... c'est dire que le travail de pédagogie à faire reste grand... !)

Et puis, est-ce à moi de le faire ? Est-ce que je ne devrais pas plutôt penser à me préserver ? A ne pas me lancer dans des discussions pleines d'émotions qui vont encore me faire lutter contre les EME pendant de longs soirs ? En même temps, refuser la discussion, n'est ce pas aussi et encore un moyen d'éviter mes émotions ? Je sais d'avance que je les supporte mal, alors depuis longtemps je fuis... sur ce sujet là comme sur d'autres...

Lily

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14 commentaires

Merci beaucoup, Dr Apfledorfer, d'avoir pris le temps de me répondre, et un grand merci aussi à toutes celles qui ont posté un message : chacun de vos mots résonne en moi, et m'aide à avancer...

Après quelques jours de tempête intérieure, le calme revient peu à peu, et je suis bien décidée, comme le dit le Dr GA, à tenter de suivre ma route, sans regrets ni colère. Ce qu'a vécu ma mère, pendant toutes ces années, je ne veux surtout pas le reproduire, justement parce que je sais combien cela représente de souffrances inutiles... Grâce à LC, je découvre une nouvelle lecture de mon histoire familiale, et je comprends mieux le pourquoi de tas de choses : les dégats du perfectionnisme de ma mère, par exemple, dans des domaines bien plus large que l'alimentation ... : le provisoire qui dure parce que "ce sera ça ou rien", la maison jamais meublée, des travaux jamais finis, mes envies de ne pas rentrer plutôt que d'annoncer une note un peu moins bonne que d'habitude, ses colères...

J'aimerais réussir à avoir juste de la compassion et à suivre ma route avec une forme de détachement qui pourrait me faire dire : l'histoire de ma mère ne me concerne plus. Je suis adulte, je trace ma propre route. Mais en fait, j'ai plus que de la compassion, je partage encore trop sa souffrance : toutes ces années gachées à lutter contre la nourriture, et à cacher ses compulsions... ça me tord le ventre, quand j'y pense...

Je suppose que la RPC peut m'aider à supporter ces émotions là, et à ne pas me laisser envahir. Alors, je vais encore et encore essayer de m'y mettre, même si souvent, emporté dans le flot du quotidien, j'oublie que prendre le temps de se recentrer sur soi, observer ses pensées, sentir vivre son corps, c'est aussi ne pas perdre le cap, être en capacité de suivre sa route sans se laisser déborder par l'émotion...

Bonjour,

j'avoue avoir renoncer à aider ma Mère ... peut être est ce un passage obligé pour commencer à prendre soin de soi

Bon courage.

 

Leann Birch, une chercheuse américaine, a travaillé sur les effets qu’ont les mères obsédées par leur poids et leurs formes corporelles, faisant des régimes, sur leurs filles. Il en ressort que ces filles ont plus fréquemment des troubles du comportement alimentaire et des problèmes d’obésité.

Cela ne signifie pas qu’il faille accuser sa mère, qui elle aussi, a eu une mère, qui a fait ce qu’elle a pu dans sa vie, de sa vie, qui a été en souffrance.

Mais on peut comprendre qu’une mère en souffrance avec son poids et ses formes corporelles transmette à sa fille ce même problème, ainsi que des troubles de l’estime de soi.

Je suis d’accord avec vous, lily, vous n’avez pas à faire l’éducation de votre mère (ni des reproches!) Vous n’êtes pas sa mère, et puis, il est un peu tard, n’est-ce pas ?

Alors quoi ? De la compassion, sans doute, pour cette maman qui se débat avec son douloureux problème depuis si longtemps, qui tourne comme une souris dans sa cage.

Et en ce qui vous concerne, oui, préservez-vous ! Vous avez compris qu'il ne s'agissait pas de suivre le même chemin, vous ne reproduisez pas la vie de votre mère, vous vivez la vôtre. Bonne route!

Bonjour Lily,

A toutes les réponses que tu as reçu, j'ai juste envie de rajouter que je n'aimerais pas savoir ou craindre que ma mère soit sur LC, cachée comme moi derrière un pseudo.

Rien que pour cela, c'est une bonne chose de te protéger.  Aurais-tu pu t'exprimer aussi librement, si tu avais craint qu'elle puisse te lire ?

LC rend vulnérable dans un premier temps. Il y a des moments dans la vie où c'est soi d'abord... C'est un moment comme ça pour toi actuellement me semble-t-il.

Prends soin de toi !

Tout d'abord, tu n'as aucun reproche à te faire de ne pas avoir vu ça avant .. tout simplement par ce que ta mère a tout fait pour que tu ne le vois pas ... tout comme tu as tout fait pour qu'elle ne voit pas les tiennes !

A mon avis il ne faut surtout pas la confronter directement à ses EME !

Ce que je te conseille, c'est d'arriver à ta propre régulation à ton rythme .. et quand tu te sentiras en paix avec toi même, satisfaite de ton avancée dans le programme et suffisamment confiante, tu pourras expliquer TON histoire (tes EME, tes régimes, ta lutte permanente...), TA démarche (LC), ce que TU as découvert sur TOI (que tu répondais à tel ou tel stresseur, comment, combien, pourquoi, les idées automatiques issues de l'enfance,...), TES victoires (sur tes EME, sur tes aliments tabous...), TES résultats (perte de poids, acceptation de soi, relation normale à la nourriture...)...

Bref tu parleras de toi :)

D'une part cela pourra avoir un effet bénéfique pour toi : dire à nos parents qu'une partie de nos problèmes - EME ou autre - sont dues à leurs comportements (remarques) involontairement assassins est souvent une étape dans les thérapies, pour passer à autre chose ... (d'après ce que j'ai compris ce n'est pas une étape facile, mais c'est très bénéfique)

D'autre part, cela pourra donner des idées à ta mère (et à ta soeur)... (tu peux même l'inciter .. tu vois maman avec cette technique même si je mange moins je partage le même repas que tout le monde .. c'est plus sympa et moins fatiguant) elle n'acceptera surement pas tout de suite d'avouer ses EME, mais après avoir commencé le programme, cela pourra venir progressivement ...

bon courage

Nikaia

On restera toute notre vie les enfants de nos parents et les voir se débattre et souffrir sans avoir la possibilité de leur apporter quelque chose de positif est difficile à supporter. J'ai moi aussi une mère qui mange des biscuits qu'elle planque dans les buffets et les armoires, entre les draps ou les assiettes à dessert de la tante Jeanne. Elle est dans un état dépressif permanent et compense comme elle peu son mal-être. Qu'est-ce que je peux bien y faire? Pas grand chose. Passer de bons moment avec elle et être ensembles heureuses. J'ai essayé de parler régimes à l'époque , elle m'a rétorqué :"oh tu sais, je crois que je suis trop vieille pour ça, ce serait dangereux". elle n'a pas tout tort. Elle est la victime d'un régime hyperprotéiné, prescrit à l'époque par son médecin traitant. ça lui a bousillé son équilibre. 

Il est illusoire de vouloir le bien des autres sans leur accord et leur propre volonté de changer. C'est voué à l'échec. Toutes les thérapies (et celle-ci en est une) quelles qu'elles soient, nécessitent l'envie consciente et le besoin reconnu par le patient de changer. Et combien sont ambivalents face au changement? C'est une chose de se plaindre de sa difficulté à maigrir, de son poids, etc, c'en est une autre de reconnaître que l'on creuse soit-même sa tombe avec le couteau et la fourchette, que l'on cache aux autres sa souffrance, que l'on souffre, et peut-être même d'autre chose que ce que l'on croit. Toute une démarche, dont le poids n'et peut-être que le sommet de l'iceberg.

Je nous dit donc, à tous et à toutes, un grand bravo pour avoir fait cette démarche, pour avoir eu le courage de nous lancer dans cette grande aventure dont nous allons fatalement ressortir différents/tes. On est des héros face à l'inconnu. On se laisse bousculer consciemment et ce n'est pas toujours très confortable. on en apprend de belles sur notre comportemet.

Alors pour tout cela, je répète BRAVO! 

Et si vous avez l'impression de ne plus vous reconnaitre, de vous perdre en chemin, il y a tous les autres qui sont là pour vous entourer.

Big bisous à tous et à toutes.

Ma mère a fait son premier régime après ma naissance. Elle recherche depuis toujours ce corps d'"avant"? je ne sais pas mais toujours est il qu'elle a elle aussi fait tellement de régimes, surtout le WW et ses différentes variantes. Bon je n'en parle plus avec elle, ni avec mon père diabétique qui gère son traitement comme il l'entend en fonction de combien de dessert et de chocolat il y a .

Si un jour elle me demandait quoi que ce soit je répondrai en expliquant la démarche. Mais pour le moment le simple fait d'avoir à l'occasion dit que je n'avais plus faim.......laisse plâner un très grand silence suivi des brutis des cuillères de tout ceux qui se resservent parce que bien sûr c'est tellement normal de manger tant de bonnes choses.

Je me dis que je suis là pour moi. Et c'est déjà bien difficile comme cela.Je ne vais pas sauver toutes les personnes que je connais autour de moi et qui depuis toujours utilisent la nourriture comme une drogue anesthésiante. J'ai tenté dans mon boulot auprès des personnes âgées malades que je vois grossir au fil des mois. Mais ca ne marche pas comme ca. Je me suis pris quelques beaux râteaux bien mérités. 

pareil pour moi, une mère au régime depuis toute sa vie d'adulte, j'ai essayé de parler de la méthode à ma mère et impossible de lui faire entendre raison. elle est totalement dans le raisonnement "manger équilibré". alors j'ai laissé tomber. ce que je fais je le fais pour moi et c'est déjà assez difficile comme ça. je ne vais pas dépenser toute mon énergie à essyer de démolir toute une vie de vérités assénées à une personne qui a presque 70 ans.

Bonjour,

J'ai été touchée par ton histoire. On y sent toute l'émotion que tu traverses. C'est pourquoi je me dis que, pour le moment en tous cas, tu n'es pas encore prête à en discuter avec ta mère.

Quand, de ton côté, tu auras digéré cette découverte, tu seras en état de te poser à nouveau la question d'en discuter ou non avec ta mère. En effet, je ne vois pas qui d'autre que toi-même peut répondre à cette question. Tu connais ta mère, tu finiras par savoir ce que tu es capable de supporter dans ce type d'investigations, etc.

Bon courage,

Lahiza

Bonjour Lily,

 

Déculpabilise par rapport à ta maman, ce n'est pas aux enfants de faire l'éducation de leurs parents. A n'importe quel age, on reste l'enfant de ses parents, donc on garde un regard d'enfant sur eux, qui n'est pas un regard extérieur, objectif... Dans ton cas, comme dans celui d'Isabelle, ce sont des tierces personnes qui font prendre conscience de la réalité.

Et comment aurais-tu pu deviner ce que ta mère s'appliquait à cacher ?

Je crois surtout que tu te rends compte qu'elle a beaucoup souffert, et tu ne pouvais pas le savoir. Et peut-etre que son discours "régime" face à ses filles était un moyen de les protéger ? de leur éviter de souffrir de leurs poids comme elle ? on voit que cette restriction a eu l'effet inverse. Mais tout le monde n'a pas la chance de connaitre la méthode LC et les livres de nos précieux docteurs. C'est encore WW, Dukan, etc qui domine l'espace public, malheureusement.

Sur la question de lui faire découvrir LC... je dirais qu'il faut d'abord penser à toi, à être ta propre priorité. Après, pourquoi pas lui prêter "Maigrir sans régime" ? mais, je ne chercherais pas à batailler, à argumenter, à convaincre (après des années de restriction, c'est dur !).. Et puis, c'est une démarche très personnelle, donc c'est à elle de se faire une opinion.

Une de mes meilleures copines a des soucis de poids et de comportement alimentaire, je lui ai déjà parlé des bouquins des Dr mais elle refait cycliquement des régimes WW + inscriptions en salles de sport. Ca marche un temps, puis elle s'arrête, elle reprend... Bref, le problème de fond n'est pas réglé. Je ne lui ai pas parlé de la création du site. J'en ai eu envie, j'y ai pensé. Mais 1. Je ne la sens pas réceptive et pas prête à ce genre de méthode où on se remet bien en question (je lui ai déjà proposer de lui preter les bouquins, j'ai fait choux blanc), 2. J'avais envie de garder LC pour moi, je n'en ai parlé à personne, j'ai envie d'être un peu "égoiste", de ne pas avoir à m'expliquer, à me justifier.

Pourtant, ça me ferait plaisir de partager ça avec quelqu'un , de défendre des principes qui me tiennent à coeur... mais j'essaye déjà de me changer moi, c'est difficile, alors changer les autres... Je verrai plus tard avec cette copine. Ca ne me fait pas plaisir de la voir comme ça, mais j'ai l'impression de parler à un mur pour le moment, elle est fragile, elle a d'autres priorités dans sa vie actuellement, et je ne veux pas la confronter à ce magnifique mais long et aventureux chemin qu'est LC tant que je n'en sens pas l'envie et la curiosité chez elle. Question de timing.