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Mère nourricière universelle: je cuisine pour tout le monde!

L’alimentation émotionnelle Le perfectionnisme
17 avr 2013 à 21h

Je cherche des témoignages de gens qui se reconnaîtraient dans le comportement suivant:

Je me rends compte que je passe énormément de temps à cuisiner pour les autres, je suis un genre de "mère nourricière universelle" (le genre qui apporte des gâteaux faits maison au boulot, qui veille à préparer des repas structurés pour son entourage, qui met les petits plats dans les grands pour ses invités, qui propose toujours d'apporter le dessert quand elle est invitée quelque part...)

Mon entourage ne s'en plaint guère, mais je me demande s'il n'y a pas l'un ou l'autre côté dérangeant (j'écrirais bien "maladif", mais ça me semble un peu fort) là-dedans:

  • n'est-ce pas avant tout un moyen d'être aimée, encensée, reconnue, félicitée?
  • n'est-ce pas un désir inconscient d'être moi-même "nourrie"? Sans doute pas de nourriture (mes kilos en trop témoignent que je m'en donne assez!) mais de douceur, d'attention, de reconnaissance, ...?
  • mes excès de sucre seraient-ils la seule façon que j'aie trouvée de me donner de la douceur?
  • suis-je en fait capable d'accepter ce que les autres pourraient me donner? Je me souviens, il y a très longtemps, d'un homme à qui je me plaignais: "Tu ne me dis jamais que tu m'aimes!" et qui m'a répondu, d'un ton très triste: "A quoi bon? De toute façon, tu ne veux pas me croire..."

Est-ce que ceci fait écho chez certain(e)s d'entre vous? Merci d'avance!

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20 commentaires

[quote=Isana]

 Et petit à petit, je me suis dit "tout ça pour ça ??" ... passer à côté de la relation, de liens authentiques et profonds, pour de beaux détails d'appart ??  Non. 

[/quote]

C'est quand même un des plus beaux cadeaux de l'âge qui avance, je trouve, c'est de s'affranchir des convenances et de pouvoir privilégier la relation plutôt que les conventions.

Mini anecdote à ce sujet: il y a bien longtemps, dans une autre vie, jeune mariée, avec mon premier mari, nous avions l'habitude de longues grasses matinées. Un samedi matin, sur le coup de 11 h, on sonne à la porte. Je vais ouvrir, en peignoir (pas sexy du tout!) et me trouve face à deux copains de mon mari que je connaissais à peine et qui me disent, l'air accablé: "nous revenons de l'enterrement de la femme de X, et comme c'était ici tout près, on s'est dit qu'on pouvait donner un coup de sonnette" (X était un autre copain assez lointain, dont la toute jeune femme venait de mourir de façon tout à fait inattendue).

Pendant quelques secondes, j'ai été affolée: j'étais en pyjama, pas coiffée, pas maquillée; la maison était dans un état épouvantable; je n'avais pas fait les courses; tout était en désordre, mal tenu, pas rangé, ni nettoyé, bref, la pagaille totale. Et je les connaissais à peine, ces deux-là!

Puis l'humain a Dieu merci repris  le dessus: j'ai ouvert la porte en grand; j'ai vite débarrassé les fauteuils et le divan pour qu'ils puissent s'asseoir. J'ai mis du café en route. Quand ils ont eu leur tasse de café, j'ai vite été enfiler une robe et me donner un coup de peigne. Entre-temps, mon mari s'était levé. Nous les avons écoutés raconter l'enterrement, parler de ce qu'ils avaient vécu. Puis parler des bons moments qu'ils avaient eus avec X et sa femme. Commencer à raconter des choses comiques; se mettre à rire timidement. Une histoire en appelait une autre; on se racontait des histoires d'étudiants, de voyages, de soirées, de beuveries. J'ai proposé d'improviser un repas; ils ont accepté avec reconnaissance. On a mangé nos spaghettis-beurre-fromage râpé en ouvrant une bouteille de vin. Et quand ils ont quitté ma maison, ils s'étaient débarrassés de la "poussière de cimetière" qui leur collait à la peau.

Je suis reconnaissante à l'existence pour cette leçon de vie.

[quote=Isana]

J'ai énormément de mal avec les cadeaux : j'adore en donner, mais je ne sais pas les recevoir ... je pense ne pas les mériter ... pourquoi ?

[/quote]

Pareil, quand j'y pense. Sauf que j'ai souvent des angoisses existentielles quand je donne un cadeau, j'ai toujours peur d'avoir mal choisi et de ne pas vraiment faire plaisir. Et recevoir un cadeau me gêne toujours un peu. Même recevoir un compliment me gêne, je réponds souvent "Oh vous savez, je n'ai aucun mérite..." Du coup, maintenant, je m'exerce à répondre: "Merci, ça me fait très plaisir, ce que vous dites là". Et ce n'est pas si facile, mais quand j'y arrive, le compliment me fait vraiment du bien!

je suis le troisième.....clone....  si j'ai bien compté

 

ou du moins je l'étais, mais j'ai racroché.....  les gants de cuisine!!!

 

pour ma part je me suis aperçue que si je cuisinais autant pour les autres, c'était surtout  (en plus du bonheur d'exercer l'art de la cuisine)   une façon  de me faire  "accepter par les autres"

en effet j'ai toujours eu la peur de me faire rejeter par les autres, et notamment par le groupe

et je dois me faire grande violence, quand je vais voir des amis pour ne pas leur  apporter des douceurs, des desserts, etc....

ou alors quand je recevais c'était plat maison + dessert maison à chaque repas

et épuisement à la clé quand c'était plusieurs jours de suite.....

 

je me suis lancée des petits défis, ne plus apporter de dessert, ou encore servir des yaourts en dessert à mes invités (la première fois c'était hyper hyper dur).....  et j'ai vu que ça ne changeait rien....  tout le monde m'appréciait toujours autant.....  et même personne ne m'a même jamais fait une remarque comme quoi je n'avais pas amené le dessert ou fait un dessert.....   en fait les gens s'en fichent, même s'ils apprécient sur le moment et vous félicitent, pour eux, vous êtes plus que "la bonne cuisinière"

cela m'a beaucoup aidé, et aussi pour l'acceptation, par exemple l'acceptation de ne pas plaire à tout le monde,  de toute façon les desserts ça ne plait pas à tout le monde.......   ;-)

je continue à aimer cuisiner, mais occasionnellement, et surtout je n'en fais plus un moyen d'intégration,  une "patte blanche" qui me permettrait d'avoir l'approbation de tous

voilà pour ma contribution à la chose

[quote=izabelle]

et je dois me faire grande violence, quand je vais voir des amis pour ne pas leur  apporter des douceurs, des desserts, etc....

ou alors quand je recevais c'était plat maison + dessert maison à chaque repas

et épuisement à la clé quand c'était plusieurs jours de suite.....

je me suis lancée des petits défis, ne plus apporter de dessert, ou encore servir des yaourts en dessert à mes invités (la première fois c'était hyper hyper dur).....  et j'ai vu que ça ne changeait rien....

[/quote]

Pareil que toi, il faut toujours que je propose d'apporter quelque chose, c'est maladif! (j'ai lu une fois sur le site "VDM - vie de merde": "Aujourd'hui, j'ai été invitée à dîner par des copains; quand j'ai demandé à ma copine: "Tu veux que j'amène quelque chose?",elle m'a répondu: "Oui, le dîner". Ca finira bien par m'arriver à moi aussi, ça!!!)

Et cette histoire d'épuisement ou d'énervement alors que recevoir des gens devrait être un plaisir, je m'y retrouve tout à fait.

Bon, je devrais me lancer des défis, moi aussi. Mais rien qu'à te lire, j'en ai des sueurs froides! Alors c'est pas gagné!

@ Rikkibis : merci de m'avoir fait rire avec ta question à la Lucrece Borgia !

Sinon je suis désolée je ne cuisine pas ... ca ne m'interesse pas ... je trouve ca chronophage et surtout bien compliqué  (j'arrive pas à faire arriver mon assiette chaude et pourtant mon couloir n'est pas si long). je n'imagine pas le defi (insurmontable bien sur) de devoir cuisiner pour qqun d'autre que mon ami ou moi !

je pense que je n'aime pas cuisiner parce que je n'aime pas manger (ca changera peut etre avec l'etape degustation) ... j'aime juste les desserts ....

Mesdames, je suis désolée de devoir vous l'annoncer, mais vous vous trompez : ce n'est pas vous, la mère nourricière universelle, c'est ma mère à moi !

 

Cela m'a frappée en vous lisant : c'est maman qui nourrit tout le monde, qui reçoit avec mugnificience, qui vient avec son cake sous le bras, qui ne vous laisse pas repartir sans votre tupperware, qui fait ses truffes à Noël, ses compotes maison avec les pommes du jardin ! Maman, qui est mince parce qu'elle ne mange pas beaucoup ce qu'elle cuisine...

 

La dernière fois que je suis allée chez elle pour une fête de famille, c'était mi-février. Comme d'habitude, elle n'était jamais assise à table, elle passait son temps à regarder ce que mangeaient les uns et les autres (pour noter qui préfère quoi, pour resservir, pour vérifier qu'on ne manquait de rien, pour évaluer à quelle heure il fallait mettre le dessert en route...) et surtout à faire le service, à être l'hôtesse parfaite, pendant que moi je profitais à la fois du délicieux repas préparé par ses soins et de la conversation. 

 

A un moment, je me suis excusée auprès d'elle, mais elle m'a répondu un truc du genre "Tu sais, j'aime bien m'agiter, je suis moins tentée de manger". 

 

Courtepatte, tu es comme ma mère : mince, mais pas assez à ton goût, et surtout dans un "combat pour la minceur". Je vais te poser la question franchement, à la Lucrèce Borgia : "Courtepatte, es-tu ma mère ?"

[quote=Rikkibis]

Courtepatte, tu es comme ma mère : mince, mais pas assez à ton goût, et surtout dans un "combat pour la minceur".

[/quote]

Chère chère chère Rikki,

Outre ton amusant "es-tu ma mère?", c'est la phrase ci-dessus qui m'a le plus poursuivie ces derniers jours.

Parce que je me suis dit aussitôt: "Rikki se trompe, je ne suis pas mince".

Puis je me suis plantée devant la glace, et j'ai dû l'admettre: bien sûr que si. S'il y avait un contrôle "anti faux obèses" sur LC, je me ferais éjecter d'office. Je ne suis pas maigre, j'ai des rondeurs pas toujours gracieusement placées, mais je porte du 38 en taille de vêtement, et je crois que personne, à part moi (et mon ex-mari qui m'avait dit un jour "ce que tu deviens grasse, ma pauvre fille", l'humiliation totale!!!), n'irait me qualifier de "grosse". Le maximum qu'on puisse dire de moi, c'est "un peu ronde", et je ne suis même pas sûre qu'à part moi, qui que ce soit le dirait.

Alors pourquoi ce refus de me dire: "je suis mince"?

Et tout à coup j'ai compris.

Je suis mince, mais je ne suis toujours pas belle. Et il va falloir vivre avec ça. Et jusqu'à présent, j'avais cette illusion que si un jour j'atteignais mon poids idéal, je serais belle.

On parle parfois des femmes qui ont peur de maigrir parce qu'elles ont peur alors de devenir séduisantes et d'attirer tous les hommes.

Moi j'ai peur de maigrir et de rester laide (ou en tout cas quelconque) et de continuer à n'attirer personne (attendez, je rassure tout le monde: depuis mes 18 ans, ma plus longue période de célibat a été de 6 mois grand maximum, donc là aussi ce que dirait mon entourage serait bien différent de ce que je raconte moi. Mais j'ai quelque part des fantasmes totalement idiots où tout homme croisant mon regard tombe aussitôt éperdument amoureux...).

Je voudrais illustrer ça par une petite histoire: quand j'étais au lycée, nous avions une copine atteinte de strabisme. Elle était bien évidemment moche, mais personne ne lui en tenait rigueur, car comment voulez-vous être jolie si vous louchez? Et puis un jour, elle a pu se faire opérer. Et quand elle est revenue, on a été vraiment gênés, car on a bien dû constater qu'elle ne louchait plus... mais qu'elle était toujours moche. Et en plus sans "excuse", cette fois - je devrais plutôt dire, sans "bénéfice du doute".

Voilà, c'est ça que je redoute de perdre: le bénéfice du doute.

45 ans, et je n'avais jamais réalisé cela. Je ne sais pas ce que je vais en faire (Zermati en parle quelque part, non? qu'on peut apprendre à s'accepter, voire même à s'aimer, même sans se plaire? ça dit quelque chose à quelqu'un?), mais ça me bouscule vraiment. Et rien que pour ça, c'est vraiment une grande chance que tu sois revenue sur le site, Rikki!

[quote=Rikkibis]

Courtepatte, tu es comme ma mère : mince, mais pas assez à ton goût, et surtout dans un "combat pour la minceur". Je vais te poser la question franchement, à la Lucrèce Borgia : "Courtepatte, es-tu ma mère ?"

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Hahahahaha, j'aime, je rigole toute seule.

Du moment qu'elle ne répond pas : "non je suis ton pèèèère"...

MDR, ça part en suceeeeette ;-).

Merci pour cette bonne humeur, ça fait du bien les fous rires :-P 

Et bien je crois que tu as trouvé un 1er clone...Avant d'attaquer LC je cuisinais énormémént  et j'en faisais profiter mes collègues (et je ne me limitais pas à un gâteau, c'était parfois le repas complet, des verrines, des macarons, des gâteaux en tous genres...), puis j'ai instauré au sein d'une association dont je faisais partie le repas commun pour lier le groupe et bien sur c'est moi qui faisait la popotte pour 12 ou 15 personnes tous les 2 mois...et j'en passe et des meilleures. Par contre, je mangeais rarement ce que je préparais, et oui puisque j'étais constamment au régime et c'était ma façon de manger par procuration toutes ces douceurs grasses et sucrées, grasses et salées...

Puis j'ai commencé le programme et j'ai arrêté de cuisiner pour les autres à outrance, juste pour des occasions spécifiques. Je reste dans cette optique-là aujourd'hui.

Il est évident qu'il y a une recherche de reconnaissance à travers ces plats compliqués, ou longs à faire ou difficiles à réaliser. Mais il est vrai que je ne sais pas faire grand chose d'autres de mes mains, je ne peinds pas, ne dessine pas, n'ai pas la main verte, ne fais pas de musique et j'ai un besoin infini de reconnaissance, ça je m'en rends compte. Aujourd'hui je suis capable d'accepter ce qu'on veut bien me donner mais visiblement il y a encore un manque... 

Lors d'un chat, le Dr A. me faisait remarquer que j'aimais bien me faire plaindre...j'ai abandonné cette attitude au fur et à mesure que jje grandissais grace à LC mais on ne peut quand même pas être parfait dans tous les domaines!!!

[quote=capuccino]

c'était ma façon de manger par procuration toutes ces douceurs grasses et sucrées, grasses et salées...

(...)

Il est évident qu'il y a une recherche de reconnaissance à travers ces plats compliqués, ou longs à faire ou difficiles à réaliser. Mais il est vrai que je ne sais pas faire grand chose d'autres de mes mains, je ne peinds pas, ne dessine pas, n'ai pas la main verte, ne fais pas de musique et j'ai un besoin infini de reconnaissance, ça je m'en rends compte.

(...)

Lors d'un chat, le Dr A. me faisait remarquer que j'aimais bien me faire plaindre...j'ai abandonné cette attitude au fur et à mesure que jje grandissais grace à LC mais on ne peut quand même pas être parfait dans tous les domaines!!!

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Merci tellement, Capuccino, pour toutes ces pistes de réflexion!

Contrairement à toi, je ne mange pas vraiment "par procuration", car je suis la première consommatrice de ce que je cuisine! Par contre, il est possible que voir les autres manger avec moi me déculpabilise ("Si eux en mangent, ça ne peut pas être si mauvais pour moi / ma ligne / ma santé qu'on le prétend"). J'ai en tout cas autour de moi des gens qui me frappent par leur attitude presque agressive si je refuse de manger quelque chose qu'ils me proposent, comme s'ils prenaient mon refus pour une critique larvée de leur propre gourmandise. J'ai peut-être (eu) tendance à être comme ça, moi aussi.

Le fait de cuisiner pour les autres est peut-être aussi une façon détournée (et donc moins difficile) de m'offrir de la nourriture à moi-même. Je m'explique: l'autre jour, j'avais du pain rassis, et une envie de pains perdus; je dis d'un ton joyeux à mon mari et mon fils: "Qui veut du pain perdu pour son petit déjeuner?" Tous deux, en choeur: "Beurk, non, je n'aime pas". Mon tout premier réflexe a été de râler ("Bon, pas de pain perdu, c'est dommage, j'en avais envie, moi"), mon second (merci LC!) de me dire: "J'en ai envie, moi, donc j'en fais pour moi". Je l'ai dégusté bouchée après bouchée et j'en garde le souvenir d'un festin. Mais c'est tout à fait nouveau que j'ose gaspiller du temps en cuisine "rien que" pour moi.

Je n'avais jamais songé que la cuisine pouvait bêtement être un laboratoire de créativité. On a peut-être tous besoin de faire des choses avec ses mains (j'ai en plus un métier très intellectuel), et je n'aime ni l'art, ni le jardinage, ni le bricolage. Tout n'est certainement pas à rejeter dans ce plaisir de cuisiner, après tout.

Tout comme toi, j'aime me plaindre, attitude héritée de ma mère (qui a pourtant très très bien vieilli, dans ce domaine, elle se plaint mille fois moins qu'avant). Quand j'ai fait une psychothérapie, la psy m'avait un jour posé la question: "Comment réagirait votre mère si vous arriviez un jour à être vraiment totalement heureuse?" et m'imaginer ça m'avait fait peur, il me semblait qu'elle cesserait de m'aimer ou de s'intéresser à moi. Curieux, non?

Donc encore merci pour tous ces sujets de réflexion à creuser!