cette impression d'inceste
Salut les filles,
Eh oui, je dis bien les filles, car c'est à vous en tant que filles à papa que je m'adresse.
Sommes-nous nombreuses à ressentir parfois, comme un vieux truc un peu dégueu et très collant, un vague ou franc dégoût pour son père, comme si ce bonhomme vous avait fait des trucs, vous ne savez pas quoi, mais vous vous dites qu'il n'y a pas de fumée sans feu ? Bon dieu, c'est pas agréable hein, de penser cela d'un bonhomme qui, si l'on fait remonter tous ces souvenirs conscients d'enfant (pour moi, ils démarrent vers 6 ans), a juste été un père normal, bref, un bon père, et dans tous les cas, pas un père inscestueux !
J'ai une explication ces jours-ci qui me satisfait, appuyée sur un souvenir personnel. Et si petite fille, nous étions tellement, mais tellement amoureuse de notre papa que... nous le désirions sexuellement, ce qui nous le savons aujourd'hui, est très banal et très naturel, ce bon vieil Oedipe. Oui mais, petite fille, on se disait quoi, en ressentant cela tout en grandissant et se socialisant ? Que c'était mal, que c'est monstrueux, que c'était dégueulasse.
Qu'en dites-vous, c'est une piste non ? Et nos braves pères n'y seraient pour rien.
Vous devez vous connecter pour poster un commentaire
Vous devez préalablement être authentifié auprès de votre assureur afin d'accéder à nos services
Répondre
Tu peux avoir l'avis que tu veux Fred, bien sûr; d'ailleurs, tu l'as donné dans ton premier post , il n'y a pas de souci.
Lorraine
Evidemment ce titre m'a interpellée...
J'ai très probablement été victime (de quoi exactement ?...) quand j'étais toute petite (entre 3 ans et 7 ans) d'un oncle maternel qui habitait le même immeuble et auprès duquel mes parents me laissaient en toute confiance. Pas de fantasme : l'oncle en question a abusé de sa fille dès l'âge de 3 ans et jusqu'à ce qu'elle ait le courage de disparaitre à 22 ans... Et avant qu'il abuse d'elle, j'étais la seule fillette dans les parages. Pas de souvenirs conscients, mais des cauchemars récurrents dont j'ai découvert qu'ils étaient des souvenirs refoulés en revisitant l'immeuble il y a quelques années, après ne plus y être entrée pendant plus de 45 ans...
J'ai toujours su intimement que mes prises de poids (à 3 ans et demi pour la première) étaient liées à un problème très profond. Après de multiples thérapies (et pas d'hypnose !), je pense que ce poids est lié à cet inceste, sur lequel je suis en train de travailler, et de la "complicité" de ma mère, qui savait (pkus ou moins consciemment) et qui a cahé les choses par des mensonges que j'ai mis des années à éclaircir. Ce qui explique probablement pourquoi je perdais du poids quand je m'éloignais d'elle et pourquoi je le reprenais quand je revenais. Ou que je prends inexorablement du poids quand on "m'abandonne" (deuils, ruptures amoureuses), y compris en mangeant objectivement très peu.
S'il faut faire attention avec les histoires d'inceste (les faux souvenirs existent et de même les fantasmes), les victimes réelles d'inceste sont malheureusement nombreuses. Je ne sais pas quelle est la proportion de victimes qui ont des TA et sont obèses, ou au contraire anorexiques, mais je suis presque sûre que cette proportion est très importante.
Pour moi, l'obésité était surement la seule manière de survivre à ce traumatisme. Et puis la seule femme qui ait vraiment été présente, c'était ma grand-mère paternelle : ronde, voluptueuse, rassurante, ayant appris la cuisine avec un grand chef, d'une grande gourmandise : manger et surtout manger bien est du côté de ma famille paternelle une religion ! Du côté maternel, c'est : les incestes (répétés de génération en génération), les maladies graves qui décharnent, la misère qui fait souffrir de la faim. Etre grosse, pour moi enfant, c'était probablement aussi la seule manière de me placer du "bon côté" de la famille.
Il me reste un gros travail thérapeutique autour de cette blessure pas encore cicatrisée : la démarche avec linecoaching est une des composantes de cette démarche de guérison, avec une thérapie en parallèle. Je suis aujourd'hui obèse (imc 37 et pas franchement de muscles), je n'ai fait qu'une fois dans ma vie un régime très restrictif (perdu 18 kg, en ai regagné 23...), alertée très précocément par une formidable endocrinologue sur les dangers des régimes amaigrissants. Je lui dois probablement de ne pser que 86 kilos aujourd'hui... J'ai la conviction que cette protection d'enfant, je ne peux m'en séparer qu'en prenant soin moi-même de l'enfant qui est en moi, qui a été blessée, trahie et abandonnée par les adultes en qui elle faisait une confiance totale. Je suis aujourd'hui, comme beaucoup d'entre vous peut-être ? la seule adulte à pouvoir prendre soin de moi et à me guérir.
Des échanges autour de cette question avec d'autres victimes m'intéresseraient évidemment...
[quote=Cenelle]
Etre grosse, pour moi enfant, c'était probablement aussi la seule manière de me placer du "bon côté" de la famille.
[/quote]
merci pour ce très beau témoignage, passionnant, et bravo pour ce travail sur toi-même et tes ressentis
Cenelle, je viens de lire ton post
et ton profil. 
Je me retrouve dans (cf. ton profil) :
"avancer, même en rampant, mais avancer toujours" et "Quelle que soit la longueur du chemin, il se fait pas à pas", pour moi aussi c'est essentiel et j'aimerai que cela le soit pour tout le monde....
= Ne pas rester enlisée dans sa souffrance quelque soit l'origine de cette souffrance. Oser passer à autre chose.
Je souhaite que ton témoignage soit une source d'encouragement " pour s'en sortir et se soigner " pour toutes les personnes qui s'y reconnaîtront .
Merci pour ta sincérité, Cenelle.
Pour apporter ( peut-être) une modeste contribution à ce riche échange,sur les situations incestuelles plutôt qu'incestueuses, échange qui m'émeut beaucoup pour presque chacun d'eux et qui me parle pour tous:
Parmi les chagrins et les deuils que j'ai longtemps crus cicatrisés parce que l'on me disait "forte" ( parents restants, famille élargie, voisins, amis, et même médecins soignants ( et honnêtement, je l'étais assez, mais ai-je jamais eu le choix, pour rester en vie?...), il y a eu cette étrange situation engendrée par la mort de ma mère, qui nous a quittés à l'âge de 33 ans, à la suite d'un accouchement tragique ( massacre serait peut-être plus juste...) mon père, mes deux soeurs ET la petite dernière , donc, qui n'avait que 24 heures. J'avais 13 ans, j'étais l'ainée, je sortais à peins d'un cancer du rein et des traitements adéquats ( eh oui, y a des années fastes, comme ça... pour nous, c'est 1963), et j'étais persuadée, je l'ai été longtemps, de façon plus ou moins inconsciente, que j'avais participé à la mort de ma mère, en lui causant tellement de soucis avec "mon "cancer", durant sa grossesse...
C'est vous dire que j'étais mûre pour toutes les culpabilités et tous les fantasmes, d'autant que ma toute petite enfance n'avait pas non plus été exempte de situations riches en occasions de culpabiliser un enfant mais baste!
Bref, conditions"idylliques" réunies pour plonger dans les grosses émotions névrotiques, malgré ( et peut-être à cause?) de cette dite "force" mentale:
- en tant qu'ainée et responsable ( sinon coupable!) de la mort de ma mère dans l'épuisement ( généré par des incapables de la clinique d'accouchement...)
- en tant qu'ado à ses débuts et donc en plein dans les "troubles " et émois divers de la quête de soi,y compris et surtout(!) au plan de la sexualité, et donc cherchant ses marques par rapport à sa mère( alors là, vu la situation vous imaginez: bien l'auto-censure tétanisante, l'impossibilié totale de faire émerger la moindre prise de distance critique envers une maman martyre, "partie si jeune mon Dieu!", pourtant nécessaire à chaque enfant,pour devenir autonome et un jour quitter le nid, la plupart du temps, réconcilié, d'ailleurs)
- en tant que fille, fille ainée qui plus est, et désormais privée de la "barrière" symboliquement protectrice de la "femme du père", aînée qui s'entend si souvent, trop souvent dire "on dirait ta mère, tu ris comme ta mère, ah t'es bien la fille de ta mère, tu aimes ( dans ls désordre) le saucisson, le camembert les cornichons, chanter, rire à gorge déployée, les enfants, le tricot, lire, pleurer comme une madeleine aux histoires tristes ou touchantes ( c'était d'ailleurs son prénom, Madeleine...) et qui a des problèmes de surpoids" bah oui, que veux-tu, tu es bien comme ta mère"....
Rajoutez à cela que nous sommes dans un situation TRES modeste ( veuf, salaire lui aussi modeste, 4 filles dont un bébé, un pavillon à rembourser, on ne roule pas du tout sur l'or et c'est sans aucun recul ni état d'âme, sur l'impact mortifère que cela peut avoir sur la gamine que je suis ( mais bon, c'est l'époque , dans les années 60, on ne convoque pas Freud à chaque éternuement non plus!) que , manquant de moyens, on me fait porter tous les vêtemensts de...ma maman, à peine réajustés à ma taille. Attention! je ne suis ni Cosette ni Cendrillon et il y a de l'amour autour de moi, pour moi, pour nousles quatre soeurs orphelines. Juste des maladresses, juste de l'ignorance et du un peu trop brute de décoffrage...
Bref, avec tout cela, je DEVIENS ma mère, contre mon gré mais impossible de protester, je ne suis pas encore assez sortie de l'enfance, pas sûre de ce que j'éprouve et surtout j'aurais l'impression de LA trahir, en refusant de rentrer dans ce "rôle" que les adultes m'imposent autour de moi. Et je materne et je materne...
Donc: mon père et moi devenons assez proches. on échange beaucoup à table et comme je grandis et que je suis depuis toujours une gamine posée, aux intérêts variés, y compris politique etc, on a vite des échanges assez "adultes" et souvent complices ( musique, films, actualité politique, donc) jusqu'à ce que l'âge, le lycée les potes nouveaux et ...mai 68 , amorcent la saine rupture en tous cas pour mon cas!
En vacances, en balade, assis sur la canapé, mon père me prend souvent par le cou, les épaules, le bras; il est câlin, Moi, je ne me sens pas très à l'aise ( je m'en veux , mauvaise fille, le pauvre, car bien sûr je l'aime et on est tous les deux dans la souffrance et le deuil de maman, bien sûr) et je me souviens que les quelques fois où des gens tout de meme pas bien "regardants" m'ont prise pour sa femme, j'en aurais pleuré, de honte et de rage! sans parler du fait que je me disais que je devais faire bien "mémère" ( mes parents avaient la trentaine, quand ce drame est arrivé mais c'est l'âge de Mathusalem, pour des gosses!) pour qu'on me croie de son âge: sentiment d'être encore plus grosse et moche que les sensations fréquentes de l'ado classique", quoi!
Longtemps, repenser et revivre ces émotions-là m'ont été insupportables!Merci la psychothérapie analytique de m'avoir enfin permis d'être au clair et apaisée avec ces émotions et ces moments -là,
En vacances chez mes grands-parents maternels, une fois, on est plus nombreux que d'habitude et là, sans que personne ne semble se poser la moindre question, eh bien on s'arrange: et voilà comment mon père et moi avons dormi plusieurs nuits de suite dans le même lit: et ce à deux reprises, entre mes 14 et ma seizième année...J'ai détesté! Je me sentais mal et je m'en voulais de cette gêne, de cette défensive dans laquelle j'étais; je me trouvais inconsciemment l'esprit "bien mal placé". Et je peux dire qu'au creux du lit, j'ai guetté le moindre geste éventuellement indélicat de mon père.
Je n'ai aucun souvenir qu'il y en ait eu, mais me suis posée ( moi aussi) la question pendant au moins 15 ans, me soupçonnant d'avoir peut-être "occulté".
Je sais aujourd'hui que non, et être revenue en détail en travail psy avec mon thérapeute m'y a aidée. Que celui-ci m'a fait du bien en me disant: "si, bien sûr, il y a eu quelque chose: il y a eu tout ça, tout ce que vous avez vécu, éprouvé, tout ce que l'on vous a imposé de vivre, même si il n'y avait pas intention de vous faire de la peine et du mal"; Je me suis sentie enfin reconnue dans mes angoisses et mes souffrances d'alors. La peur fantasmatique de l'inceste s'est effacée, puisque mes souffrances d'alors étaient légitimées. Quelqu'un les prenait enfin en compte!
Comme le montre très bien Lorraine je crois, il s'agissait clairement d'un fantasme, d'une banalité et d'une fréquence classiques chez les filles, MAIS QUE TOUT AUTOUR DE MOI AVAIT EMINEMMENT ENTRETENU.ll faut préciser que du côté paternel, les situations incestuelles et même incestueuses ont existé ( le père de mon père a été incestueux avec ma tante au point que celle-ci a du quitter le foyer à 17 ans rarissime à l'époque ( années 40, et n'a pu compter, comme souvent, sur l'aide de sa mère ma gd-mère...), Que je pressentais tout cela et que cela a aussi dû peser dans l'élaboration de mes craintes. Je transmets beaucoup à mes filles, sur tout cela parce que je sais , en théorie ET en pratique, le poids transgénérationnel des souffrances et angoisses, des destins antécédents dans les familles.
Bien solidaires et amicales pensées à vous toutes,
Martine/Léontine
Martine tu écris : "Comme le montre très bien Lorraine je crois, il s'agissait clairement d'un fantasme, d'une banalité et d'une fréquence classiques chez les filles,"
Non ce n'est pas moi.
pour ton enfance
Fabienne
Désolée, Lorraine!
C'est toujours cette impossibilité de retourner aux posts antérieurs lorsqu'on a cliqué sur "répondre" et qu'on a négligé de noter soigneusement qui a dit quoi, exactement.
Lorraine a écrit :
C'est un sujet très délicat / encore assez tabou que celui de l'inceste;
j'ai pris le risque de mon post parceque celui de Sylvie m'a touchée et j'avais envie de lui répondre . Je savais qu'il pouvait faire réagir mais j'aimerais autant qu'il ne soit pas sujet à polémique....Merci
On ne peut donc pas avoir un avis différent ? Je pense que c'est intéressant de pouvoir discuter et te pouvoir réagir à ce qu'on lit. On ne peut pas être tous d'accord et c'est cela qui est enrichissant et je trouve dommage de fermer la discussion.