Mon inconfort du moment.....

ça fait un petit moment que je ne viens plus sur le site .....

mon inconfort : tic tac , tic tac tic tac....le compte à rebours est lancé, j -6

et enfin je sors de cet enfer.

je suis en repos, mais je rédige un rapport car je suis à la bourre et je me mets la pression...bref, du coup avec l'ordi du boulot, je vais sur ma messagerie et hop! paf dans la figure! un mail concernant la situation d'un jeune pour qui il faut trouver une solution autre d'hebergement car là où il est ses comportements sont ingérables...bref, est demandée une solution "urgentissime"...et j'ai beau me dire que je ne suis pas responsable de l'absence de structure adaptée et des différents dysfonctionnements dans le social et plus largement dans la société....quand je lis ce mail je me sens hypra responsable et du coup je me mets la pression là où de toutes façons je n'ai pas toutes les cartes en main.......

Mon inconfort du moment, c'est une méga hyper excitation. C'était la réunion de rentrée avec les parents. J'ai mangé avec une petite faim à midi et ce soir, parce que j'ai eu une EME chargée en nourriture hier soir, je me suis couchée tard sans avoir envie de dormir. Je réalise maintenant, en m'autorisant à percevoir environ un peu de l'intensité émotionnelle de fin de réunion, que c'était à cause de ça.

Stress d'être face aux parents avec mes collègues pendant la grande réunion, stress d'être face aux parents de ma classe pendant la petite réunion dans ma salle. Gorge fatiguée de parler, corps fatigué d'être debout, tension du corps et de l'esprit.

Cette année, j'avais choisi de ne pas me mettre derrière ma table protectrice (pas le bureau, juste une table d'élève que je mets entre les parents et moi, j'y pose mes manuels, mes notes, et je m'y sens à l'abri, debout derrière). Elle m'a énormément manquée au début (c'est pas facile, tous les regards braqués sur moi, qui attendent que je donne le ton, alors que je ne sais pas trop par quel bout commencer pour éviter de les saouler et tout leur faire comprendre). Et puis ensuite, c'est devenu normal. Pas confortable (j'adorerais réussir un jour à faire une réunion qui ne soit pas un trop-plein de paroles), mais normal, comme si ça ne faisait pas 10 ans que je me protégeais derrière ma table.

Pendant la réunion, inconfort de devoir parler plus fort pour passer par-dessus les bavardages de certains parents. Inconfort quand l'un d'eux a tenté de me prendre en défaut (ça fait trois ans qu'il fait ça, et je crois même qu'il ne le fait pas vraiment méchamment). Inconfort quand j'ai saisi un problème de consignes que j'avais données. Sentiment d'euphorie quand deux mamans qui ont aussi des enfants en 6e ont dit qu'ils s'en sortaient bien (mes p'tits choux !). Peur que les autres parents croient que c'est grâce à moi et attendent pareil pour leurs enfants (alors que des classes comme l'année dernière, on n'en a pas souvent). Profond plaisir quand la communication s'est établie avec les parents les plus stressés.

Et là, inconfort d'être encore à fond (genre je n'aurais pas sommeil avant une dizaine de jours). Et inconfort d'avoir battu mon record de réunion tardive (la dernière maman est partie vers minuit). Mais plaisir d'avoir discuté avec les mamans qui se sont attardées (je n'arriverai jamais à finir tôt tant que j'apprécierai la conversation).

Je me suis très peu connectée à moi pendant la réunion, j'étais à fond dans un espèce d'élan hyperempathique, à la recherche de comment c'était pour eux, pour savoir comment me faire comprendre (mais ils sont trop nombreux ! mes antennes hyperempathiques saturent).

La différence par rapport aux autres années, c'est qu'au lieu de nier les inconforts, de les repousser, j'ai accepté d'en vivre une partie (même si j'en ai étouffé beaucoup). Une partie du trop grand plaisir, une partie du trop grand déplaisir, à égalité, sans considérer que l'un était plus important que l'autre (même si le sentiment d'imposture reste le plus puissant). Et sans me laisser détourner de mes intentions (ok, je me sens inférieure. Mais j'ai un truc à faire, c'est important, je le fais). Il reste le saoûlage de paroles, ça, pour le moment, je n'y arrive pas. C'est une stratégie inconsciente (enfin, moins inconsciente, maintenant) de contrôle : je parle donc je contrôle. Je préfère écouter, mais à ces réunions de début d'années, j'ai l'impression que si je me tais, le ciel va me tomber sur la tête. C'est trop bon, à la fin, quand je suis arrivée au bout de mes notes, quand je demande leur ressenti sur tel ou tel point et que je peux enfin me taire et écouter.

Un truc rigolo : j'ai terminé avec la dernière maman en épelant "Z-E-R-M-A-T-I" (oui, parce que le docteur Apfeldorfer est impossible à épeler à minuit). Elle est en surpoids aussi, et a dit "Si je peux me permettre... Vous avez beaucoup maigri. Vous faites quelque chose ?" Et j'ai répondu : "Oui : j'ai arrêté les régimes !" Et j'ai un peu résumé : se recentrer sur le corps, retrouver les sensations, se donner de l'espace pour soi. Ca a eu l'air de lui parler. Ca me plairait bien d'avoir semé une graine anti-régime. Même si ça me stresserait un peu l'idée d'avoir dirigé une maman d'élèves sur LC, vu que je parle des mes inconforts personnels sur le forum. Tant pis. L'important, c'est que les gens ne fassent pas de régimes à répétition avec le sentiment d'être nuls, alors qu'il existe d'autres solutions, plus "impliquantes", plus longues, mais tellement plus douces et plus réalisables !