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Faire le deuil de mon ancienne vie...

Communauté et échange Présentation : apprenons à mieux nous connaître !
30 Juil 2014 à 11h

Bonjour à toutes et tous.

Le titre de mon post est volontairement choisi ainsi : j'ai perdu mon papa il y a 15 jours tout juste. 

Je sais que débuter ma présentation par ce biais peut sembler étrange, voire choquant, mais à mesure que le temps passe (et déjà avant celà), je m'apercevais de liens... Je m'explique.

J'ai des problèmes de poids depuis longtemps, depuis 1999. Je crois que je savais, à ce moment-là, que je ne mariais pas pour les bonnes raisons (même si j'aimais mon mari à l'époque, ce n'est pas la question). Je crois aussi que le mariage me faisait bien plus peur que je ne l'admettais. Résultat, dans les 3 mois qui ont suivi le "oui" : +30 kg !!!

Après, la spirale infernale des régimes insensés, avec bien entendu, le plus dangereux en 2003, le fameux "protéiné naturel" (tant critiqué, à raison, par les doc Zermati et Apfeldorfer). Certes, j'ai perdu du poids, mais à quel prix ! J'ai souffert pendant des années de cystites chroniques, sans compter 2 pyélonéphrites...

Puis séparation, divorce, un poids qui s'est stabilisé dans une zone qui me convenait à peu près. J'ai vécu cette période comme une nouvelle adolescence (à ceci près que je n'en avais pas eu à l'âge où j'aurais dû être insouciante...). Et puis, des compulsions, des angoisses, je mangeais, je reprenais du poids, j'en reperdais... Vous connaissez tous cette spirale.

Le rapport avec mon papa ? J'y viens.

Il a eu le malheur d'épouser une femme (ma mère, donc) qui, lorsqu'il a fait une rupture d'anévrisme 3 mois après ma naissance, n'a pas daigné s'occuper de lui correctement pour qu'il puisse se remettre sans trop de séquelles : alcool, tabac, maltraitances diverses... Mon père est resté handicapé physique (il marche avec difficulté, perd l'équilibre, et a un bras bloqué) et mental (peu de mémoire, pas de réflexion adulte), et a été mis sous tutelle d'état lorsque j'avais 4 ans. Bien entendu, c'est ma mère qui a eu ma garde, et j'en ai vraiment bavé pendant des années...

J'ai coupé les ponts avec elle complètement depuis 10 ans environ, avec de longues périodes, déjà, où je refusais de la voir. Elle nie tout, mais je sais aujourd'hui que c'est son problème. J'ai eu la chance d'être suivie par une psy comportementale et cognitive, et c'est ce qui m'a aidée à me sortir de cette relation malsaine.

Toutefois, restait mon papa... Il vivait en foyer pour personnes handicapées depuis plusieurs années, après bien des années de galères, quand, en 2010, double AVC. Diagnostic sans appel : il restera en fauteuil roulant, et ne pourra presque plus parler. Pendant ces 4 dernières années, il a vécu ainsi, ses seuls mots étant "oui" et "non" (et encore, il ne les employait pas toujours à bon escient). Par contre, toujours souriant. J'ai décidé de reprendre sa tutelle il y a un an et demi (et je m'en veux d'avoir autant tardé à le faire). Et puis, il y a 15 jours, brutalement, hospitalisation le 14 juillet au soir, décès dans la nuit...

Je souffre, bien entendu, mais je culpabilise aussi d'être soulagée : à 62 ans, avoir vécu comme il a vécu pendant presque 40 ans, tu parles d'une vie !

Et il y a 2 jours exactement, allez savoir pourquoi, alors même que je culpabilisais, que je me sentais mal, que j'attendais avec anxiété tous les retours de courriers administratifs que j'avais envoyés pour annoncer le décès de mon père, je me suis rendu compte que j'étais en train de me perdre. Encore. Que j'étais à nouveau en train de me mettre un poids énorme sur les épaules (et les hanches, cela va de pair...), et qu'il était temps que je me recentre sur moi. Pas égoïstement. Juste pour une question de survie. Et de vie. Enfin.

Voilà. Je ne sais pas si mon récit est brouillon, je sais juste qu'il est long et que je n'ai pas envie de le relire, pour ne pas risquer de le censurer... Peut-être que certains me jugeront, voire me condamneront, de vouloir me recentrer sur moi en cette période, mais je sais que j'ai raison. Pour mon (nouveau) mari et mes enfants, mais aussi pour moi.

Et en mémoire de mon papa. Il n'a pas eu la chance de pouvoir vivre comme il l'aurait voulu, je lui dois bien d'essayer de le faire, moi, puisque j'en ai le pouvoir.

Merci de m'avoir lue.

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10 commentaires

Bienvenue à toi, ton récit m'a beaucoup touché

tu as bien raison d'être soulagée, et cela se mélange à ta peine de l'avoir perdu

tous ces sentiments ambivalents sont normaux, sereins

ici tu vas apprendre à ne plus combattre toutes ces émotions, mais à les vivre simplement, pour ce qu'elles sont

elles nous aident à vivre notre vie, à lui donner un sens, à prendre une direction

tu as droit de ressentir du soulagement, de la liberté, de la culpabilité, de la tristesse, tout ça mélangé....

y'a rien à faire contre ces émotions car elles sont utiles, elles t'accompagnent dans ton deuil, dans tes transformations

elles font leur oeuvre et nous n'avons qu'à les laisser faire   en nous centrant sur nos valeurs, sur ce qui est important pour nous

personne ne te jugera ou ne te condamnera, mais je sens que toi-même tu le fais encore beaucoup

pourtant tu sais que tu n'as rien à te reprocher

mais la culpabilité est là quand même

et bien qu'elle soit là....  elle est utile par moments, mais ne lui accorde pas trop d'attention et en effet, recentre-toi sur toi, sur le moment présent, vivre, ressentir

 

bon démarrage de programme!

Merci beaucoup de ton message, Izabelle, et de tout ce qu'il contient de vérité et d'apaisement.

 

En effet, je me juge et me condamne encore beaucoup, même si ça va un peu mieux...

 

A bientôt !

bonjour,

je comprends ce sentiment ambivalent que peut entrainer le décès de ton papa malade...

moi, mon papa c'était une maladie d'Alzheimer qui le rendait méchant et agressif avec nous, et surtout avec ma maman...parce qu'il se rendait compte de sa déchéance psychique, et qu' il ne se supportait pas comme ça. Il nous en voulait beaucoup de l'avoir mis en maison de retraite, pour soulager ma mère qui n'arrivait plus à sortir de la maison sans se faire engueuler. Bref, un calvaire pour nous tous, avec un énorme sentiment de culpabilité,  mais aussi pour lui qui n'arrêtait pas de répéter que cette vie ne valait plus le coup. Il est décédé d'un problème cardiaque à l'hopital et nous étions tous d'accord pour refuser qu'il soit transféré dans un service de réanimation. Son décès a été pour nous un immense soulagement...nous étions tristes mais soulagés qu'il ait évité une déchéance encore plus grande, comme celles qui atteignaient les autres pensionnaires de la maison de retraite. Mon papa à moi, l'homme bon, gentil et plein d'humour, ça faisait bien longtemps que je l'avais perdu...alors je n'ai jamais été vraiment triste de son décès. J'ai été beaucoup plus triste de le voir triste et méchant, j'en pleurais dans mon lit quand il était vivant....

J'ai quand même pris dix kilos depuis que mon père est mort, je ne n'arrive pas à savoir si ça a été une façon de faire mon deuil...mais c'est vrai que c'est à partir de ce moment là que j'ai commencé à regrossir.

Alors non ça ne me choque pas du tout que tu puisses te recentrer sur toi alors que tu viens de perdre ton papa, il audra le faire un jour alors pourquoi pas dès aujourd'hui?

Bonjour CaliJeff,

Je viens de lire ton post qui m'a bouleversée, tout d'abord je te présente mes condoléances, et je ne pense pas que quelqu'un puisse te juger, il y a plein de bienveillance sur ce forum.

J'ai perdu mon mari il y  4 ans maintenant, c'est arrive très vite et après j'ai carrément sombré, la seule chose qui m'a aidé pour m'en sortir a été de me recentrer sur moi e tde me reprendre en mains, je me suis mise à la peinture et cela m'a vidé l'esprit et après 4 ans de malbouffe j'ai attaqué LC pour réparer les dégâts.

Tu as tout à fait raison de penser à toi et si je peux t'apporter une aide n'hésite pas à demander et si tu veux tu peux aller sur mes messages personnels.

Je pense à toi et te souhaite beaucoup de courage

Bonjour,je comprend très bience que tu vis.Car je le vécue il y a 4 ans.D'abord,avec la maladie de mon papa,puis son décés.Mélange de chagrin et de soulagement..Puis la culpabilité de se sentir soulagée.Pendant tout ce temps,j'ai tout gérer toute seule,les formalités,la tristesse,etc..Mes frères n'ont pas été très présents pendant cette période là.Ils m'ont laissé me dépatouiller avec tout ça.J'étais fatiguée,épuisée physiquement et surtout moralement...

Aujourd'hui,je vis un peu plus pour moi.J'ai dit à mes frères que pour maman,il n'était pas question que je fasse tout toute seule.Ce n'est pas qu'elle soit malade,mais elle vit un peu dans sa bullue.Elle est restée très gamine,suite à 2 méningytes qu'elle a eu enfant...Donc il y a toujours quequ'un qui devait gérer le quotidien à sa place?Quand on était enfant c'était ma grand-mère,puisque papa était routier et il travaillait dans l'international.Donc pas souvent là.

Il est vrai que mes frères ont peu mal pris le fait que je me révolte.Ils n'ont pas l'habitude de ça,car j'ai toujours été la gentille petite soeur qui dit oui à tout,qui rend service,qui se plie en deux pour les autres.Ilsont été très surpris que je leur dise stop.Et je peux dire que ce ne sont pas les seuls.

Mais bon,j'ai envie de vivre pour moi et ça ils ne me l'enlèveront pas.Je n'ai plus envie de me laisser bouffer par les autres.Dans mon entourages,certaines persones ont été déboussolées par mon attitude,mais tant pis.J'ai envie de m'occuper un peu de moi et un peu moins des autres.C'est comme ça.Et ça fait un bien fou de revnir à soi.

chrissie, NEEVETE et marieal :

chrissie, quand je te lis, ça me semble effectivement très sain, cette façon que tu as eue de dire "stop" à tes frères, et cette envie assumée de vivre pour toi ! Ce sont des épreuves difficiles que tu as eues à vivre, toi aussi, et voir la façon dont tu as réagi me "rassure" sur ce besoin irrépressible que je ressens de me recentrer sur moi également.

Merci de ton témoignage qui m'aide à déculpabiliser, et de ton soutien. Bon courage !

 

NEEVETE, perdre son mari est quelque chose d'absolument terrible à vivre, j'ose à peine imaginer la souffrance que tu as du endurer. Tu as eu énormément de courage d'avoir su réagir, et de penser aujourd'hui à toi et à ta reconstruction. Je ne m'anquerai pas d'aller lire tes messages ! Bon courage, et tiens le cap :)

 

marieal, voir ton papa se transformer ainsi de son vivant a du être une épreuve très compliquée à vivre... Je peux l'imaginer car, même si je n'ai pas connu le mien "normal", j'ai vu son état de handicap se détériorer il y a 4 ans et le rendre encore plus dépendant... C'est vrai que c'est peut-être cela est peut-être encore pire que la mort elle-même, voir ceux qu'on aime décliner... Je comprends parfaitement le soulagement que tu as pu ressentir lorsqu'il est parti, il est il est plus que légitime, après ce que tu as vu et vécu. En tout cas, plus je lis tous les témoignages très émouvants que je reçois en réponses, et plus je me dis que j'ai vraiment eu raison de suivre cet "instinct de survie" qui m'a poussée à me recentrer sur moi. Merci de ta réponse, bon courage !

 

Je t'en prie! D'ailleurs j'ai utilisé la métaphore de la montagne parce que c'est ce que je ressentais. En vérité ça correspond assez bien à la façon dont j'ai géré le deuil de ma maman (qui a été d'ailleurs doublé de la rupture d'avec mon fiancé de l'époque qui m'a quittée 6 semaines après l'enterrement, il n'a jamais compris ce que je traversais, de la maladie ni de la mort.... D'ailleurs la seule chose qu'il faisait était de me faire a manger... Comme si ça allait tout résoudre!!!) j'ai énormément marché la première année.... À plat! Mais je partais avaler une dizaine de kilomètres 1 à 3 fois par semaine. J'ai lu quelque part que la marche "reprogrammé le cerveau".... Donc ça aide. Chaque pas te permets de "lâcher".... Et on se sent mieux quand la fatigue physique remplace la fatigue morale... Bonne soirée à toi!

[quote=fadinarde]j'ai énormément marché la première année.... À plat! Mais je partais avaler une dizaine de kilomètres 1 à 3 fois par semaine. J'ai lu quelque part que la marche "reprogrammé le cerveau".... Donc ça aide. Chaque pas te permets de "lâcher".... Et on se sent mieux quand la fatigue physique remplace la fatigue morale... Bonne soirée à toi![/quote]

 

Comme je te comprends : le sport, même à petite dose, m'aide beaucoup en ce moment. Les séances du programme, quelques séances libres de vélo elliptique, une grande balade en forêt hier avec ma famille, après être passée au cimetière, justement...

 

Quant à ton fiancé de l'époque, c'est triste qu'il n'ait su ni te comprendre, ni t'aider à surmonter cette épreuve, ni se montrer patient face à une situation qui lui échappait... Mais je pense que les choses n'arrivent pas par hasard.

Bonne journée à toi et merci de ta réponse !!

Salut CaliJeff! Toutes mes condoléances, d'abord... Et puis ne t'inquiète pas, je pense vraiment que personne ici ne te jugera! La mort d'un proche bouleverse tout, et le deuil s'accompagne de beaucoup d'émotions, chacun à sa façon, mais souvent le chemin est similaire... J'ai perdu ma maman il y a quatre ans. 3 ans de cancer. On n'est jamais préparé à vivre ça. A 29 ans, alors que mes amis se mariaient, vivaient avec insouciance, moi j'ai veillé ma mère pendant les 30 dernières heures de sa vie. Avec à la fois l'angoisse de voir sa respiration s'arrêter, et en même temps "l'envie" que ça se termine... Un des premiers sentiments que j'ai ressenti lorsqu'elle s'en est allée: du soulagement... De pouvoir enfin ne plus passer mes soirées à l'hôpital, et cette angoisse de la maladie qui s'envole... Plus besoin de vivre sans l'expectative des résultats d'analyses, de scanners et autre... Soulagement bien évidemment accompagnée d'un immense sentiment de culpabilité... Je crois que lors d'un deuil on est obligé de se recentrer sur soi... Pas par égoïsme. Juste par instinct de survivre. Le chemin est long, pénible, douloureux, et surtout il ne finit jamais.... Les premiers temps il faut escalader une montagne, qui devient une côte, puis avec le temps le chemin deviens plat, plus praticable... Mais tu continues à marcher... Les gens qui n'ont perdu personne de leur entourage très proche ne peuvent comprendre... Ceux dans mon cas devraient être d'accord.... Le positif dans ce travail de deuil c'est que l'on se rencontre soi-même, que l'on accède à une autre vision du monde... Plus profond plus sélectif aussi... Parce que l'on comprend la mortalité, donc l'importance de vivre mieux, sachant que ça leur s'arrêter demain... Moment présent. Pleine conscience! La boucle est bouclée! Bonne route à toi, prend bien soin de toi et de deux que tu aimes!

Merci infiniment de ta réponse, fadinarde : tu as effectivement parfaitement saisi ce que je vis actuellement, du fait de l'expérience douloureuse que tu as vécue toi-même. Et, en effet, même très proche de mon mari, je n'ai pas toujours le sentiment qu'il comprenne le bouleversement que la perte d'un être très proche engendre. Je ne lui en veux pas, bien entendu, mais pouvoir en parler ici sans culpabiliser de dire que j'ai besoin de me recentrer sur moi (même si mon mari m'y encourage lui aussi vivement), ça fait un bien fou.

Merci encore à toi, on se croisera sans doute sur les forums par ici dans les semaines à venir. Parce que je sais que cette fois, c'est "pour de vrai"...

Montagne... côte... chemin plat. C'est parti.