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pourquoi cette intolérance aux émotions ?

Maigrir sans régimes : La méthode Linecoaching La démarche Linecoaching: comment changer en profondeur
23 Mar 2012 à 00h

Je ne sais pas si ma question fera beaucoup avancer le schmulblick mais bon, dans la mesure où je me la pose...

J'ai remarqué qu'ici beaucoup de personnes sont d'une exceptionnelle réceptivité au ressenti d'autrui, tout en ayant beaucoup de difficulté à supporter leurs propres émotions (et je me place dans le lot). D'où le recours à la nourriture, pour étouffer ce qui nous insupporte, en-dedans, ou en-dehors.

Je me demandais si l'on naît ainsi, avec une sorte d'empathie supra développée qu'il nous faudrait apprendre à apprivoiser (merci la RPC ! ), ou si cela est dû aux aléas de la vie ?

Et d'ailleurs, est-ce que je me trompe ? Est-ce que le recours à l'alimentation (ou toute autre addiction) est effectivement dûe à cette difficulté, faculté, à s'identifier aux émotions d'autrui ?

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30 commentaires

 

Linda : je cherche à savoir si on nait comme ça ou si c'est un résultat de l'éducation ou d'autres relations entre personnes.

Votre question est effectivement pertinente, et il n'est pas si facile d'y répondre.

Dans les années 1970, deux chercheurs américains, Stanley Schachter et Judith Rodin, ont proposé la théorie de l’externalité. Certains individus, dits « externalistes », seraient peu sensibles aux signaux internes, provenant de leur organisme, et très sensibles aux signaux externes, en provenance de leur environnement. Ils ne mangeraient pas poussés par la faim, signal interne, mais stimulés par la présence d’aliments appétissants et tentateurs. Dans un environnement riche en aliments bons au goût, les externalistes seraient conduits à manger plus que la moyenne. Comme c’est le propre de nos sociétés que d’offrir en permanence une infinité d’aliments tentateurs aisément disponibles, les externalistes occidentaux ne peuvent qu’être hyperphages et obèses. On imagine combien cette théorie a pu paraître à l'époque extrêmement séduisante!

Diverses expériences de laboratoire furent conduites, mettant en évidence le fait que, chez les externalistes, l’hypersensibilité au monde extérieur et le peu de sensibilité aux signaux en provenance de l’organisme débordent le domaine de l’alimentation. Ainsi, l’externaliste montre une plus grande réceptivité au monde : il fait preuve de capacités d’observation supérieures à la moyenne et est capable de mémoriser plus d’informations dans son environnement en un temps donné. À l’inverse, cette réceptivité exacerbée nuit à son efficacité lorsque des stimuli perturbateurs viennent le distraire de sa tâche : la chute de ses performances est alors plus importante que la moyenne. Inversement, moins à l’écoute de ses sensations internes, il évalue difficilement non seulement les sensations de faim et de satiété, mais aussi l’écoulement du temps, se trompe plus volontiers dans l’appréciation subjective de l’intensité des sensations douloureuses.

Bon nombre de traitements de l’obésité d’orientation comportementale se sont réclamées de cette théorie. Mais les vérifications expérimentales se révélèrent en fait des plus décevantes : on se rendit tout d’abord compte que bien des hyperphages obèses n’étaient pas particulièrement externalistes. Ensuite, la séparation effectuée entre signaux internes et externes est apparue rapidement comme artificielle tant ces signaux sont, en réalité, intriqués. Par exemple, la vue d’un gâteau au chocolat, signal externe, déclenche toute une série de réactions hormonales et neuro-hormonales dont l’intensité dépend de l’anticipation du plaisir que nous comptons prendre à manger ce gâteau. La théorie de Schachter est donc abandonnée, mais la tendance externaliste continue à être mesurée dans différents tests psychologiques portant sur le comportement alimentaire.

En fait, on conçoit aujourd’hui cette externalité comme une façon d’éviter les pensées et émotions pénibles, d'éviter une conscience de soi particulièrement douloureuse. On se centre sur l’extérieur pour ne pas avoir à se confronter avec son intériorité. Les personnes ayant une piètre image d’elles-mêmes et particulièrement insatisfaites de leurs apparence corporelle s’en détournent et se centrent là encore sur le monde extérieur.

Pour en revenir à l’hyperempathie, celle-ci peut néanmoins être favorisée par une plus grande sensibilité générale, tenant à un profil de personnalité qu’on sait aujourd’hui pouvoir être en partie inné. Mais je dirais que, majoritairement, cette hyperempathie procède de notre histoire personnelle.

Quoi qu'il en soit, pourquoi vouloir chercher à tout prix un responsable? Y a-t-il une faute, une sorte de péché originel, qui serait à l'origine de ces problèmes, de cet oubli de soi au profit des autres, de ce recours à la nourriture pour se protéger d'émotions pénibles? Pourquoi ne pas considérer plutôt que, maintenant, c'est ainsi que l'on fonctionne, mais que, en travaillant sur soi, on va pouvoir progresser et modifier cette tendance?

Rien n'est inscrit dans le marbre! Même les caractéristiques d'ordre génétique sont aménageables, comme le montrent par exemple les derniers travaux portant sur l'épigénétique. Alors, ne cherchez pas de reponsable, ni vous ni d'autres, et sachez que votre vie vous appartient, que vous pouvez aller jusqu'au bout de vous-même!

[quote=G.Apfeldorfer]

Quoi qu'il en soit, pourquoi vouloir chercher à tout prix un responsable? Y a-t-il une faute, une sorte de péché originel, qui serait à l'origine de ces problèmes, de cet oubli de soi au profit des autres, de ce recours à la nourriture pour se protéger d'émotions pénibles? Pourquoi ne pas considérer plutôt que, maintenant, c'est ainsi que l'on fonctionne, mais que, en travaillant sur soi, on va pouvoir progresser et modifier cette tendance?

Rien n'est inscrit dans le marbre! Même les caractéristiques d'ordre génétique sont aménageables, comme le montrent par exemple les derniers travaux portant sur l'épigénétique. Alors, ne cherchez pas de reponsable, ni vous ni d'autres, et sachez que votre vie vous appartient, que vous pouvez aller jusqu'au bout de vous-même!

[/quote]

Cher docteur,

merci pour ce long message qui m'a beaucoup touchée, j'en ai les larmes aux yeux... Pourquoi chercher à tout prix un responsable ? Peut-être en raison de la culpabilité que l'on se trimballe, tous et toutes, fort probablement. Pour ma part, aussi loin que je puisse me souvenir (mes 5 ans je crois) il y a une blouse blanche qui me terrorise et me fait sentir une moins que rien et m'explique ce n'est pas bien, que c'est ma faute, ma faute, ma faute... Et moi je suis petite et je me sens encore plus petite...
Mais vous avez raison, les choses sont ce qu'elles sont. Il faut les regarder, les accepter, sans doute les caliner, leur donner de l'amour et se dire qu'aujourd'hui c'est ainsi et que peut-être après demain ce sera un peu moins ainsi, un peu différent, et un jour encore plus...
Amitiés

Mais
 

Linda

Déjà je suis à peu près sure qu'on ne "nait" pas comme ça ... je doute qu'il y ait un "gène de l'estime de soi" qui fait qu'on ait ou aps de l'estime pour soit ... La preuve, on peut très bien inverser la tendance (dans un sens ou dans l'autre) avec une psychothérapie (ou un travail sur soi d'une manière générale)

il y a beaucoup de facteur environnementaux, pas au sens écologique du terme mais au sens "tout ce qui nous entoure" : la famille, les amis, les profs, nous mêmes, l'éducation/les valeurs (les religions, la culture), les évènements de la vie, les accidents de la vie... (bref tout ce qui nous a construit au fil des années ) qui vont faire que nous allons développer une forte/faible estime de soi ..mais surlequel on peut toujours travailler à l'age adulte...

Evidemment beaucoup se joue à l'enfance et à l'adolescence mais pas que!!  vous avez tous entendus parler des "pervers narcissiques" qui sont capables de litteralement détruire petit à petit par un travail de sape régulier et constant les personnes les plus équilibrée...

Il y a rarement une seule personne responsable (sauf en cas de pervers narcissique) et rejeter la faute sur les autres n'aide pas à avancer ... 

Pour reprendre ton dernier paragraphe .. je me suis toujours sentie très bien chez mes parents que j'adore toujours.. j'ai eu une enfance très heureuse, une scolarité très réussie et je manquais complètement de confiance en moi malgré tout ... mais je travaille dessus et je commence à changer ça doucement ...

bon courage

Nikaia

Linda, WOUAH T'as vraiment des "grandes" questions.....

Les docteurs ont réfléchi  à ces questions  et probablement t' apporteront-ils des éléments de réponses, en plus t'es vraiment au bon endroit .

 

 

Ce que je sais c'est qu'il y a plein de réponses possibles aux trop plein d'émotions liées à des enfances difficiles, des fois des adictions à la drogue ou à l'alccol etc ..Et tout dépend aussi ce qu'on appelle enfance difficile...Une enfance difficile ne se limite pas à quelques remarques déplacées de la part de nos parents

Ce que je sais aussi c'est que l'éducation et notre environnement jouent un rôle important dans les adultes que nous devenons, Mais tout n'est pas figé...Le changement, si on s'en donne les moyens, est possible

Tu peux te promener aussi sur le forum et lire les nombreux posts; tu auras aussi des réponses aux questions que tu te poses.

A une période de ma vie, j'avais multitude questions et "remous intérieurs" J'ai fait une psychothérapie et j'ai compris plein plein de choses.....y compris le rapport à la nourriture à la maison (les aspects constructifs et ceux plus pernicieux)

 

 

Bonne continuation

 

Bonjour,

J'ai une question pour celles et ceux qui ont participé à ce fil.

Savez vous d'où vous vient l'idée que les autres sont toujours plus importants que vous mêmes, que ce qu'ils ressentent est digne d'intérêt et que ce que vous ressentez est dérisoire ?

Pensez vous que cela vous est venu tout seul ou qu'une ou plusieurs personnes ont pu, par leurs paroles et leur comportement vous amener à penser de cette façon ?

Bon courage à tous et à toutes

"J'ai une question pour celles et ceux qui ont participé à ce fil.

Savez vous d'où vous vient l'idée que les autres sont toujours plus importants que vous mêmes, que ce qu'ils ressentent est digne d'intérêt et que ce que vous ressentez est dérisoire ?

Pensez vous que cela vous est venu tout seul ou qu'une ou plusieurs personnes ont pu, par leurs paroles et leur comportement vous amener à penser de cette façon ?"

 

Linda, ces questions là tu nous les poses parce que :

- 1 -  tu as les réponses et tu veux nous en faire profiter ?

- 2 - tu ne les as pas et tu veux bénéficier de nos réponses ?

- 3 - Tu dis "tu" mais c'est "je" que tu pensais....?

Allez,je choisis  la - 2 - et je te réponds :

En ce qui me concerne :

- Ce qui est sûr c'est que ce manque d'estime de soi et ce manque d'importance qu'on s'accorde parfois (toujours ?)trouve dans sa source dans l'enfance.

2ième fille dans une fratrie de 3 = ma soeur aînée handicapée et mon frère 7 ans de moins que moi et garçon parmi 2 filles........= ."Oui mais ta soeur, Oui mais ton frère....." etc  leitmotiv perpétuel par mes parents

Le jour où j'ai eu mon BEP : très fière de moi, je l'annonce à ma mère qui en réponse me dit "Oui mais ton cousin (né 3 heures avant moi chez mes grands parents comme moi) lui ne l'a pas eu...

Des paroles comme ça, j'en ai entendu à longueur de journée jusqu'à mes 18 ans année où je suis partie. Je les entends toujours mais moins forcément et maintenant ma mère se méfie, j'ai plus de répondant

 

- J'ai réalisé aussi à quel point je me suis pris -par culpabilité ?- les responsabilités des autres . Normalement, les adultes ne devraient pas laisser les enfants dans leurs croyances MAIS......

Exemple : un jour de mes 8 ans que mon père (problème d'alccolisme++) a nettoyé le poële à mazout tout le mazout s'est retrouvé sur le sol de la cuisine . Affreux. J'ai aidé à nettoyer comme j'ai pu Quand ma mère est rentrée du travail s'arranchant les cheveux en vociférant des propos affreusement humiliants pour mon père j'ai dit "j'aurai pas du le laisser faire" à quoi elle m'a répondu vivement "ben oui, où t'étais ?" J'ai alors proposé de sortir jouer dehors avec mon petit frère de 1 an pour qu'elle puisse nettoyer.....et que mon frère ne "baigne pas" dans cette ambiance

ETC ETC.......Je pourrai en faire un livre mais c'est du passé depuis l'eau a coulé sous le pont....J'ai grandi, je me suis soignée, réparée etcetc Finalement c'est aussi grâce  (ou  cause ) de tout ça que je suis devenue ce que je suis....Et ça va plutôt bien.

Mais c'est sûr qu'il y a des blessures dont on ne se débarrasse pas comme ça.....Desfois on les calme avec de la nourriture !!!!!

Merci à tous pour vos réponses, oh combien passionnantes et instructives.

En vous lisant, j'ai réalisé que je m'axais sur le passé, sans vouloir voir les "bénéfices secondaires" au présent. Qu'entre autre "manger ses émotions", les refouler, crée un vide. Que je compense ce vide en m'occupant d'autrui. Et que m'occuper d'autrui me renvoi plus encore à mon propre vide.

Pfff... vertigineux.

En tous cas, poser une question en vaut toujours la peine !

personnellement je pense que les personnes en surpoid s'oublie.

moi je voudrais parfois passer inapercu donc l'empatie que j'ai envers les autres evitent les questions sur moi. sur ce que je ressent au font de moi, chose que je dit rarement quand je suis triste en colère etc....

je préfère me consacre aux autres.

et il est bien plus simple de s'occuper des autres que de soit même n'est pas?

au font de moi j'aimerais que certaines personnes est autant de compassion et d'empathie pour moi quand je vais pas bien, mais moi je n'arrive pas a en avoir pour moi même.

je ne sais pas si je me trompe mais je pense que beaucoup sont dans mon cas il est plus facile d'en avoir pour les autres que pour soi même.

et s'est aussi s'ouvrire au autres choses trés difficile pour moi (peur d'être déçu, trahi,etc...)

Personnellemnt je ne laisse jamais entre voir mes emotions je les cache (même à ma mère, mes amis). J'ai horreur de confier mes problèmes ayant l'impression de me pleindre sur des sujets dérisoires par rapport aux vrais problèmes qu'ont certaines personnes. Du coup trop manger est peut être la seule solution que j'ai trouvé pour m'exprimer. Mais je pense pas que ce soit une origine génétique mais plutôt sociale, d'éducation (c'est rare quand on se confie dans ma famille, je fais simplement comme eux).

Bonjour à toutes et tous,

intéressant cet échange. D'autant que pour moi c'était l'inverse, j'ai toujours pensé que le fait d'avoir été grosse depuis toute petite avait développé mon empathie. A savoir que l'empathie était une conséquence de mon surpoids et non l'inverse ; parce que j'avais développé plus de tolérance face aux autres, à l'apparence, aux souffrances, puisque j'étais familière des miennes. Et j'ai toujours pensé du coup que ce surpoids avait était une bonne chose, du moins sur ce point là, presque comme une reconnaissance. Biensur j'ai bien conscience aussi que se cachait là une manière de me faire aimer certainement, accepter etc. Tout cela est vrai. Mais je sais aussi que j'ai appris à voir autrement et à écouter. Bon du coup je cogite. Ce qui est pas mal, merci :)